Selon le gouverneur de la capitale turque Mehmet Kiliçlar, cité par les médias locaux, cette attaque a visé des bus de l'armée près de la place Kizilay, où sont localisés de nombreux ministères, l'état-major des armées et le parlement.
Très puissante, la déflagration a été entendue dans une large partie de la ville et a causé un début de panique parmi ses habitants, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Cet attentat n'a fait l'objet d'aucune revendication immédiate. Mais le président Recep Tayyip Erdogan a immédiatement promis de riposter : "Que l'on sache que la Turquie n'hésitera pas à recourir à tout moment, à tout endroit et en toute occasion à son droit à la légitime défense."
"Nous n'avons encore aucune information sur les auteurs de cette attaque", a déclaré le vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement Numan Kurtulmus devant la presse. Mais "les auteurs de cet attentat seront retrouvés", a-t-il assuré.
"Ceux qui ont perpétré et organisé cette attaque atroce qui a visé notre pays, notre grande nation et notre démocratie ne parviendront jamais à leur fin", a pour sa part promis le Premier ministre Ahmet Davutoglu.
L'attaque s'est produite à 18h31 locales (16h31 GMT) et a visé "des véhicules de service qui transportaient des personnels militaires", a précisé l'état-major. "L'attaque terroriste a été déclenchée lorsque les véhicules étaient arrêtés à un feu rouge à un croisement", a ajouté le commandement.
- "Odieux attentat" -
De nombreuses ambulances et des véhicules de pompiers ont été dépêchés sur les lieux de l'explosion, sécurisés par un important cordon de forces de l'ordre.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a immédiatement annulé la visite qu'il devait effectuer à partir de mercredi soir à Bruxelles pour évoquer la crise des migrants avec les responsables de l'Union européenne (UE).
La réunion du groupe de 11 pays de l'UE dits "volontaires" pour se répartir davantage de réfugiés arrivant de Turquie a été annulée à la suite de l'attentat, ont annoncé des sources diplomatiques.
M. Erdogan a renoncé à une visite prévue jeudi en Azerbaïdjan.
Le président français François Hollande a dénoncé un "odieux attentat" et les Etats-Unis une "attaque terroriste", réaffirmant leur solidarité avec les Turcs.
Le secrétaire général de l'Otan, dont la Turquie est membre, Jens Stoltenberg, a "fermement condamné" l'attaque. "Nous sommes aux côtés de la Turquie et de son peuple", a déclaré la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
La Turquie est sur le qui-vive depuis plusieurs mois à la suite d'une série d'attentats qui a visé son territoire, tous attribués par les autorités au groupe jihadiste de l'Etat islamique (EI).
Le plus meurtrier, le 10 octobre, avait tué 103 personnes devant la gare centrale d'Ankara alors qu'elles se rassemblaient pour participer à une manifestation pour la paix organisée par des organisations de gauche et pro-kurdes.
Le 16 janvier, un autre attentat suicide, également attribué à l'EI par le gouvernement turc, avait visé un groupe de voyageurs allemands dans le quartier touristique de Sultanahmet à Istanbul, tuant 11 d'entre eux.
Depuis l'été dernier, la Turquie est également affectée par la reprise du conflit kurde. Des affrontements meurtriers opposent chaque jour les forces de sécurité aux partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est à majorité kurde du pays.
Le PKK mène des attaques contre des convois militaires.
La reprise de ces affrontements, après plus de deux ans de cessez-le-feu, a fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement à l'automne 2012 pour tenter de mettre un terme au conflit kurde, qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
La tension est vive depuis plusieurs jours à la frontière turco-syrienne, où l'artillerie d'Ankara bombarde des positions tenues par les milices kurdes de Syrie, qui ont profité de l'offensive des forces du régime de Damas dans la province d'Alep (nord), appuyées par les raids aériens russes, pour prendre le contrôle de nouveaux territoires.
Mercredi, "sous la supervision des autorités turques", au moins 500 rebelles syriens ont traversé la frontière turque pour se rendre à Azaz dans la province d'Alep (nord de la Syrie) afin de "prêter main forte aux insurgés face à la progression des forces kurdes", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
La Turquie accuse le Parti de l'union démocratique (PYD) et les Unités de protection du peuple (YPG), ses milices, d'être des organisations "terroristes" car proches du PKK.
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