L'avion du souverain pontife a décollé de l'aéroport de Ciudad Juarez au nord du Mexique, à la frontière américaine, après une cérémonie officielle en présence du président Enrique Pena Nieto.
Jorge Bergoglio s'était précédemment recueilli symboliquement près d'une grande croix située à l'extrémité d'une rampe surplombant la frontière, d'où il a adressé sa bénédiction à des fidèles situés de l'autre côté du grillage au Texas. Il y a également déposé trois bouquets de fleurs, dont l'un devant des chaussures de migrants décédés durant leur périple.
Le pape a ensuite célébré devant plus de 300.000 fidèles une ultime messe qui était également retransmise dans un stade de El Paso au Texas (Etats-Unis), par delà le Rio Bravo, où plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient pris place.
Arrivé vendredi après une rencontre historique à Cuba avec le patriarche orthodoxe russe Kirill, le pape François a effectué au Mexique un voyage très dense jalonné d'étapes symboliques autour des thèmes de la violence, de la pauvreté, des indigènes et des migrants, actuellement au c?ur des problématiques du pays.
Le souverain pontife a plaidé pour un Mexique pacifié, "sans trafiquants de la mort" et sans émigration, appelé les Mexicains à ne pas se "résigner" face à la violence, d'agir et d'"oser rêver", tout en pressant les responsables politiques d'apporter une "sécurité effective".
- "Plus de mort, ni d'exploitation !" -
"On ne peut ignorer la crise humanitaire de ces dernières années qu'a provoqué la migration de milliers de personnes, que ce soit par le train, la route ou même à pied, traversant des centaines de kilomètres à travers les montagnes, les déserts, les chemins inhospitaliers. Cette tragédie humaine que représente la migration forcée est aujourd'hui un phénomène global", a déclaré le pape dans son homélie à Ciudad Juarez.
"Face à tant de vides légaux, se tient un réseau qui attrape et détruit les plus pauvres. Non seulement ils souffrent de la pauvreté mais en plus de ces formes de violences. Injustice qui se radicalise chez les jeunes, eux, la +chair à canon+, sont poursuivis et menacés quand ils tentent de sortir de la spirale de la violence et de l'enfer des drogues. Et que dire de toutes ces femmes à qui on a retiré injustement la vie !", a ajouté François.
"Plus de mort, ni d'exploitation ! Il est encore possible de changer", a-t-il enfin lancé à la foule enthousiaste.
De nombreux fidèles étaient arrivés très tôt le matin, arborant des tee-shirts "J'aime le pape". Certains "latinos" étaient venus des États-Unis pour assister à la messe.
"J'ai vécu des années dans la peur de me faire attraper mais j'ai finalement accompli mon rêve", expliquait Conchita Somosa, une Mexicaine de 60 ans venu de Nogales en Arizona (sud des Etats-Unis), qui avait franchi clandestinement cette frontière vingt ans plus tôt, avant finalement d'obtenir la nationalité américaine.
"J'espère que le pape fera changer nos dirigeants", commentait Ovalle, 32 ans, une Mexicaine d'origine vivant aux Etats-Unis.
François a plaidé sans cesse depuis le début de son pontificat pour que les immigrants qui fuient leurs pays en raison de la misère, de la guerre, des persécutions religieuses ou politiques reçoivent une seconde chance dans les pays d'accueil.
Dans la matinée, il avait visité un centre pénitentiaire accueillant 3.000 détenus, qui fut jadis l'un des plus dangereux d'Amérique latine, où il avait déclaré que la prison n'était pas la seule solution à "l'insécurité" et invité les détenus à se faire "prophètes" de la paix dans la société. Cette visite intervenait quelques jours après des violences entre détenus qui avaient fait 49 morts dans une prison de Monterrey (nord-est).
Peu avant de monter dans l'avion le ramenant à Rome, le pape a évoqué les visages des enfants mexicains croisés au cours de son périple: "Je vous assure que j'ai failli pleurer de voir tant d'espoir dans une nation qui a autant souffert".
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