"Tout comme David Cameron, je considère aussi comme nécessaire que nous, au sein de l'UE, en fassions plus sur la compétitivité, la transparence et la bureaucratie", a souligné Mme Merkel devant le Bundestag.
"Il ne s'agit pas juste des intérêts particuliers des Britanniques. (...) Bien au contraire, de nombreux points sont justifiés et compréhensibles", même sur le contentieux de la limitation des prestations sociales pour les migrants intra-européens, a-t-elle insisté.
"Il est évident que chaque pays membre doit pouvoir protéger son système social contre les abus", a estimé la chancelière, reprenant l'argument de M. Cameron pour exiger des coupes dans les aides sociales.
Cette exigence a suscité une levée de boucliers en Europe centrale et de l'est, dont des centaines de milliers de ressortissants sont installés au Royaume-Uni, et bénéficient de ces allocations dès qu'ils ont signé un contrat de travail. Ces pays veulent que la mesure ne soit pas rétroactive.
Sous pression des eurosceptiques, David Cameron a promis un référendum sur le maintien ou non de son pays dans l'Union européenne, au risque de provoquer une nouvelle crise majeure au moment où le continent est ébranlé par une crise migratoire sans précédent.
Le dirigeant conservateur espère arracher un compromis lors du sommet des 28 chefs d'Etat et de gouvernement européens jeudi et vendredi à Bruxelles, ce qui lui permettrait d'organiser cette consultation dès le mois de juin.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a présenté le 2 février une série de propositions pour répondre aux demandes britanniques et éviter un "Brexit" (la sortie de Londres de l'UE), mais de l'immigration à la souveraineté politique, en passant par la gouvernance économique et la zone euro, les pommes de discorde n'ont pas disparu.
Depuis, les différents protagonistes, accompagnés d'une armée de juristes, ont multiplié les consultations pour rédiger un accord, qui sera très technique.
- Problèmes non résolus -
La gageure : concilier les exigences de M. Cameron avec des principes fondateurs de l'UE, comme la libre circulation des personnes, mais aussi limiter au maximum la possibilité que les concessions à Londres - en particulier sur les migrants européens - puissent être copiées par d'autres Etats membres.
"Il ne fait aucun doute qu'il y a encore du chemin à faire pour trouver un accord jeudi ou vendredi", a reconnu M. Tusk mardi, faisant état de nombreux "problèmes non résolus".
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, se refuse néanmoins à envisager un échec. "Nous n'avons pas de plan B, nous avons un plan A. La Grande-Bretagne restera dans l'Union européenne et sera un membre constructif et actif de l'Union", a-t-il insisté.
Du côté des eurosceptiques britanniques on dénonce depuis le début "une mascarade", comme l'a formulé Nigel Farage, le chef du parti anti-immigration Ukip.
Et de fait le sommet européen, qui démarre jeudi à 16H00 GMT pourrait, selon certains diplomates, déborder sur le week-end. M. Cameron pourrait alors se targuer d'avoir arraché une victoire, "le meilleur accord possible" qu'il réclame depuis des mois. D'après les sondages, les électeurs britanniques restent très partagés.
Restent au moins deux obstacles à franchir. A commencer par les réserves émises par la France quant aux garanties offertes à Londres sur son statut de pays n'ayant pas adopté la monnaie unique. Celles-ci ne doivent "en aucune manière ouvrir la possibilité d'un veto" sur les décisions de la zone euro, a mis en garde mercredi un diplomate français.
Les dirigeants devront aussi trancher la question de la durée des restrictions aux aides sociales pour les Européens employés en Grande-Bretagne. Cette réforme sera spécifiée de telle façon qu'elle sera de fait limitée au système social britannique. "L'exemple britannique ne doit pas devenir contagieux", a fait valoir une source européenne. "On a taillé un costume sur mesure pour le Royaume-Uni", a renchéri un diplomate.
Si elles n'imposent pas de mofifications des traités européens dans l'immédiat, ces mesures devront être soumises au Parlement européen si les Britanniques votent contre un "Brexit".
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