L'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura avait annoncé mardi à Damas l'envoi de ces convois, en disant que Damas avait le "devoir" de permettre à l'ONU d'acheminer l'aide aux populations civiles, des propos qui ont suscité l'ire du gouvernement syrien.
35 camions d'aide se trouvaient en fin d'après-midi à un barrage à l'entrée de Mouadamiyat al-Cham, une ville tenue par les rebelles près de Damas et assiégée par le régime, a constaté une journaliste de l'AFP.
Un responsable du Croissant rouge syrien, Mouhanad al-Assadi, avait fait état plus tôt de "100 véhicules chargés de nourriture, de farine et de médicaments" devant prendre la route dans la journée "vers les zones assiégées".
18 autres véhicules ont pris la direction de Foua et Kafraya, deux localités chiites situées dans la province d'Idleb (nord-ouest) et assiégées par les rebelles, selon le Croissant rouge.
50 camions étaient également prévus pour Madaya et Zabadani, deux villes également proches de Damas et encerclées par le régime.
Selon le Croissant rouge, une clinique mobile est arrivée à Madaya, une cité où des habitants sont morts d'inanition et qui symbolise les souffrances endurées par la population depuis le début du conflit il y a cinq ans.
Un total de 486.700 personnes se trouvent dans des zones assiégées et 4,6 millions dans des zones difficiles d'accès, selon l'Office des Nations unies pour l'aide humanitaire (Ocha).
Selon l'Ocha, d'autres zones assiégées devaient recevoir de l'aide comme le secteur de la ville de Deir Ezzor (nord-est) tenu par le régime et assiégé par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Jusqu'à présent, l'aide y a toujours été apportée par des avions militaires syriens ou russes.
- 'Insupportable' -
Ravagé par la guerre depuis près de cinq ans, la Syrie doit faire face à une crise humanitaire extrêmement grave, avec plus de la moitié des 23 millions de Syriens ayant dû fuir leur foyer.
Le sud, proche de la Jordanie, n'est pas épargné, l'ONU évaluant à plus de 70.000 le nombre de déplacés, dont 50.000 se sont trouvés sans-abri, après l'intensification depuis trois mois des bombardements et frappes aériennes.
La chancelière allemande Angela Merkel a jugé mercredi "insupportable" la situation humanitaire et insisté sur sa proposition de zone d'exclusion aérienne dans le pays pour protéger les civils.
M. Mistura, qui multiplie les efforts pour tenter de mettre un terme au conflit, s'est attiré les foudres de Damas mardi en disant que l'acheminement de l'aide humanitaire représentait un "test" sur les intentions du régime.
Le gouvernement "ne permettra à personne (...) de déclarer qu'il va tester le sérieux de la Syrie", a réagi un responsable du ministère des Affaires étrangères. "L'acheminement de l?aide humanitaire aux zones assiégées est un engagement perpétuel du gouvernement", selon lui.
Ces propos sont la critique la plus violente adressée par Damas au diplomate italo-suédois depuis sa nomination en juillet 2014.
Le quotidien syrien al-Watan, proche du pouvoir, a jugé que l'émissaire de l'ONU, qui devrait quitter Damas dans la journée, "n'a rien apporté de nouveau sur la cessation des hostilités et n'avait aucune idée à proposer sur la façon de les mettre en ?uvre".
- Ankara pour une 'zone de sécurité' -
Par ailleurs, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que son pays n'accepterait jamais la création d'un bastion kurde à sa frontière avec la Syrie et qu'il n'était "pas question" d'arrêter de bombarder les positions des milices kurdes syriennes, qu'Ankara assimile à des groupes "terroristes".
Le vice-Premier ministre turc Yalçin Akdogan avait indiqué plus tôt que la Turquie relançait son projet d'une "zone de sécurité" dans les régions syriennes frontalières, comme celle d'Azaz, qu'elle bombarde pour empêcher les forces kurdes de s'en emparer.
L'artillerie turque a tiré ces derniers jours sur les positions des milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qui ont profité de l'offensive des forces du régime de Damas dans la province d'Alep (nord) pour avancer jusqu'au alentours d'Azaz, à moins de 10 km de la frontière.
L'aviation russe a de son côté mené de nouveaux raids au nord d'Alep afin d'aider l'armée syrienne à prendre les deux localités rebelles d'Anadan et Haytane, ce qui entraînerait un coupure totale entre la ville d'Alep et la Turquie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Par ailleurs, le bilan du bombardement lundi de l'hôpital soutenu par Médecins sans frontières s'est aggravé à 25 morts, selon l'ONG.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.