Réalisateur, scénariste, écrivain, il est l'auteur d'une quinzaine de films marquants, dont certains avec Sophie Marceau, sa femme jusqu'en 2001, tels "Mes nuits sont plus belles que vos jours", "La note bleue" et "La fidélité". D'autres ("La femme publique", "Chamanka") apportent une forte dose d'érotisme sauvage, de nihilisme, de désespoir.
Il l'expliquait, dans une interview de 2004 à l'hebdomadaire Paris Match, par les circonstances tragiques de sa naissance: "Ma famille est entrée dans la guerre à quarante, elle en est ressortie à trois... ma petite soeur est morte de faim... Enfant, j'ai vu des choses que je n'aurais pas dû voir. C'est sans doute ce qui m'a donné le sentiment que chaque jour est un miracle..."
Parmi ses réalisations les plus connues figurent aussi "L'important c'est d'aimer" avec Romy Schneider et Jacques Dutronc, "L'amour braque", selon "l'Idiot" de Dostoïevski, ou encore "La Troisième partie de la nuit" avec à nouveau Romy Schneider et Klaus Kinski.
Son dernier film, "Cosmos", adaptation d'un roman de Witold Gobrowicz, tourné en 2015, a été primé au festival du film de Locarno.
- 'Erotisme survitaminé' -
Né en 1940 à Lwow, ville polonaise avant la 2e guerre mondiale (aujourd'hui Lviv en Ukraine), il est parti enfant pour la France où son père, un diplomate, représentait la Pologne à l'Unesco. A Paris, il a fait des études de cinéma à l'Idhec, puis de sciences politiques à La Sorbonne.
Bel homme, il a joué aussi des rôles secondaires dans quelques films, dont le feuilleton "Liaisons dangereuses", et a eu une vie sentimentale très riche. Il a été marié d'abord à l'actrice polonaise Malgorzata Braunek, mère de son fils Xawery, puis lié à la peintre Hanna Wolska, mère de son deuxième fils Ignacy et enfin marié à Sophie Marceau, mère de Vincent, né en 1995.
Après son retour en Pologne, il a notamment eu une relation avec une jeune actrice, Weronika Rosati. Cette dernière lui a fait ensuite un procès, l'accusant de décrire leur vie intime dans un roman. Elle a obtenu gain de cause, la justice ordonnant le retrait du livre des librairies.
La mort du cinéaste a immédiatement suscité de nombreuses réactions.
L'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob a dressé son portrait télégraphique sur Twitter: "cinéaste libre/avant garde/caméra frénétique et érotisme survitaminé/Zulawski était aussi poète/écrivain/philo. Héritier Wajda/autre révolté!"
Selon Frédérique Bredin, présidente du Centre national du cinéma, "le réalisateur de 'La femme publique' et de 'L'important c?est d'aimer', qui avait offert à ses actrices des rôles d'une grande intensité, avait séduit le public avec des ?uvres sans concessions. Le cinéma européen perd un créateur d'une grande sincérité".
Des hommages ont suivi aussi dans sa patrie.
"C'est une grande perte pour le cinéma polonais et mondial", a déclaré Janusz Wroblewski, critique de cinéma. "Nombre de ses films entreront dans l'histoire notamment "La Troisième partie de la nuit" (1971) et "Le Diable" (1972, bloqué pendant 16 ans par la censure)", a-t-il ajouté.
"Zulawski a été un réalisateur très radical et novateur pour son époque. Il a su élaborer son propre langage, très personnel et original. Il était provocateur en brisant de nombreux mythes polonais. Et il a introduit l'érotisme dans ses films. (...) Ses films sont aujourd'hui des classiques du cinéma mais, à l'époque, c'étaient des ?uvres d'avant-garde", selon Wroblewski.
C'était "un artiste très original, parfois controversé mais toujours fidèle à lui-même", a déclaré mercredi à la télévision privée Polsat le président de l'Association des cinéastes polonais, Jacek Bromski.
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