Au total, un "convoi de 100 véhicules chargés de nourriture, de farine et de médicaments" devait prendre la route dans la journée "vers les zones assiégées", a indiqué à l'AFP un responsable du Croissant rouge syrien, Mouhanad al-Assadi, à Damas.
Il s'exprimait au lendemain de l'annonce par M. de Mistura de l'acheminement de cette aide pour "tester" la volonté des belligérants.
20 véhicules ont pris la direction dans la matinée de Foua et Kafraya, deux localités chiites situées dans la province d'Idleb (nord-ouest) et assiégées par les rebelles, selon le Croissant rouge.
Comme cette route est longue et que l'acheminement doit se faire simultanément partout, une quarantaine de camions attendaient avant de se rendre à Mouadamiyat al-Cham, une ville tenue par les rebelles près de Damas et assiégée par le régime, selon ce responsable. Il en en de même pour quelque 35 camions destinés à Madaya et Zabadani, deux villes également proches de Damas et encerclées par le régime.
Une clinique mobile sera aussi envoyée à Madaya, une cité où des habitants sont morts d'inanition et qui symbolise les souffrances endurées par la population depuis le début du conflit il y a cinq ans.
486.700 personnes se trouvent dans des zones assiégées et 4,6 millions dans des zones difficiles d'accès, selon l'Office des Nations unies pour l'aide humanitaire (OCHA).
L'OCHA a indiqué que sept zones assiégées étaient concernées par la distribution de l'aide: Deir Ezzor (nord-est), Foua et Kafraya, Madaya, Zabadani, Mouadamiyat al-Cham et Kafar Batna, près de Damas.
Ces convois, même lorsqu'ils ravitaillent des villes encerclées par les rebelles, doivent traverser des territoires contrôlées par le gouvernement.
En revanche, le secteur gouvernemental de Deir Ezzor, assiégé par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) a toujours été approvisionné par des avions militaires syriens ou russes.
- Diatribe contre de Mistura -
En visite à Damas, M. de Mistura a suscité la colère du régime en déclarant mardi que Damas avait le "devoir" de "permettre à l'ONU d'apporter une aide humanitaire" aux populations civiles, et que son acheminement représentait un "test" des intentions des autorités.
Le gouvernement "ne permettra à personne, ni à l'envoyé de l'ONU, ni à quiconque de déclarer qu'il va tester le sérieux de la Syrie", a réagi un responsable du ministère des Affaires étrangères.
"En fait, c'est le gouvernement syrien qui a maintenant besoin de tester la crédibilité de l'émissaire de l'ONU qui a tenu des propos aux médias en contradiction complète avec ce qui s?était passé lors des réunions conjointes avec le gouvernement syrien", a-t-il ajouté.
Ces propos sont la critique la plus violente adressée par Damas au diplomate italo-suédois depuis sa nomination en juillet 2014.
Le responsable syrien a souligné que "l?acheminement de l?aide humanitaire aux zones assiégées est un engagement perpétuel du gouvernement (...) et ce que M. de Mistura a dit sur le test du sérieux de l?Etat syrien n?est pas objectif et ne peut être considéré que comme une tentative de satisfaire certaines parties", faisant allusion aux pays soutenant les rebelles.
Le quotidien syrien al-Watan proche du pouvoir a écrit que l'émissaire de l'ONU, qui devrait quitter Damas dans la journée, était "venu pour se faire de la publicité" et qu'"il n'a rien apporté de nouveau sur la cessation des hostilités et n'avait aucun idée à proposer sur comment les mettre en ?uvre".
- Ankara pour une 'zone de sécurité' -
Par ailleurs, la Turquie a relancé mercredi son projet d'une "zone de sécurité" dans les régions syriennes frontalières, comme celle d'Azaz, qu'elle bombarde pour empêcher les forces kurdes de s'en emparer.
"Nous voulons instaurer une zone de sécurité à 10 km à l'intérieur de la Syrie qui inclut Azaz", a déclaré le vice-Premier ministre turc Yalçin Akdogan.
L'artillerie turque tire depuis samedi sur les positions des milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qui ont profité de l'offensive des forces du régime de Damas, appuyées par les raids aériens russes, dans la province d'Alep (nord) pour avancer jusqu'au alentours de cette ville située à moins de 10 km de la frontière turque.
L'aviation russe a mené de nouveaux raids au nord d'Alep afin d'aider l'armée syrienne à prendre les deux localités rebelles d'Anadan et Haytane, ce qui entraînerait un coupure totale entre la ville d'Alep et la Turquie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
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