"Apple aidera à permettre les recherches sur un téléphone cellulaire" (iPhone 5C), et ce "en fournissant une assistance technique raisonnable pour aider les agents des forces de l'ordre à obtenir l'accès aux données sur l'appareil", écrit la juge californienne Sheri Pym dans sa décision mardi.
Dans son jugement, elle demande notamment à Apple de fournir un logiciel utilisable seulement sur cet appareil précis, et permettant aux enquêteurs de contourner l'effacement automatique des données qui intervient normalement après un certain nombre de tentatives infructueuses pour deviner le mot de passe de déverrouillage.
Cette requête est "sans précédent" et "menace la sécurité" des clients d'Apple, s'est insurgé son patron Tim Cook dans une longue lettre postée sur le site internet de l'entreprise.
Depuis quelques mois, les autorités américaines demandent de manière de plus en plus pressante l'aide des groupes technologiques dans la lutte contre les jihadistes qui cryptent de plus en plus leurs messages, mais les industriels, échaudés par le scandale de la NSA et soucieux de leur image auprès de l'opinion, ne sont pas enthousiastes à l'idée de baisser le niveau de cryptage.
"Nous nous opposons à cette décision qui a des implications dépassant largement le cadre légal de cette affaire", écrit-il.
"Les clients attendent d'Apple et des autres entreprises de technologies qu'elles fassent tout en leur pouvoir pour protéger leurs informations personnelles" et c'est pourquoi le groupe a recours au cryptage, justifie le patron de la marque à la pomme.
"Quand le FBI a demandé des données que nous avions en notre possession, nous les avons fournies", assure-t-il.
"Mais le gouvernement américain nous demande désormais quelque chose que nous n'avons pas et quelque chose que nous considérons trop dangereux pour être créé. Ils nous ont demandé de concevoir un moyen détourné de pénétrer dans l'iPhone", ajoute-t-il.
"Le gouvernement suggère que cet outil pourrait n'être utilisé qu'une seule fois", remarque Tim Cook. "Mais ce n'est tout simplement pas vrai. Une fois créée, la technique pourrait être utilisée à l'infini, sur tous types d'appareils."
"Au final, nous craignons que cette demande mette à mal les libertés que notre gouvernement est censé protéger", conclut-il.
La police fédérale (FBI) et les agences de renseignement américaines mènent une campagne depuis plusieurs mois pour que les fabricants de smartphones et autres objets électroniques laissent une possibilité d'accès au contenu de ces objets en cas de mandat judiciaire.
Les grands groupes technologiques proposent en effet de plus en plus de produits et applications inviolables, dont seul l'utilisateur détient la clef, et ont rejeté jusqu'à présent les demandes d'accès aux données cryptées dans le cadre d'enquêtes judiciaires.
Le cryptage est devenu pour les entreprises un argument commercial après les révélations d'Edward Snowden sur l'ampleur de l'espionnage électronique de l'Agence de sécurité américaine (NSA).
Dans l'affaire de San Bernardino, le directeur du FBI, James Comey, avait encore déploré la semaine dernière que, deux mois après la tragédie, "il y a toujours un des téléphones des assassins que nous n'avons pas réussi à ouvrir".
"Nous avons pris l'engagement solennel envers les victimes et leurs familles que nous ne ménagerons aucun effort et que nous rassemblerons autant d'information et de preuves que possible", a rappelé pour sa part la procureure fédérale du centre de la Californie Eileen Decker.
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