"Le but est de présenter Brejnev de la manière la plus objective possible et de montrer comment était vraiment l'Union soviétique à son époque", indique le commissaire de l'exposition, Mikhaïl Prozoumenchtchikov.
Organisée par les Archives d'Etat de Russie à l'occasion du 109e anniversaire de la naissance de Brejnev, l'exposition donne en fait une image très positive de celui qui dirigea l'Union soviétique pendant la plus grande partie de la Guerre froide.
Le côté bon vivant de l'ancien dirigeant est mis en évidence, avec des photos de parties de chasse et d'autres de Brejnev en train de danser. "C'était un homme gai, qui aimait la danse, les femmes, et boire une bière avec des amis", commente M. Prozoumenchtchikov pour un groupe de visiteurs.
- La répression évoquée de manière elliptique -
En revanche, la répression de toute forme d'opposition sous le règne de Brejnev est évoquée de manière particulièrement elliptique. Dans une vitrine, deux décrets signés par Brejnev: l'un privant l'académicien dissident et prix Nobel de la paix Andreï Sakharov de ses décorations et l'autre privant de sa nationalité le joueur d'échecs Viktor Kortchnoï. Rien de plus sur le sujet.
Aucune indication sur le fait que Sakharov a été alors arrêté, envoyé en exil et isolé du reste du monde pendant des années. Rien non plus sur le fait que pendant les dix-huit ans au pouvoir de Brejnev de nombreux opposants sont morts dans les camps, l'écrivain et prix Nobel de littérature Alexandre Soljenitsyne a été expulsé et la pratique de l'internement psychiatrique des dissidents soumis de force à des traitements chimiques a connu un développement sans précédent.
"On ne peut pas tout raconter. Il nous faudrait beaucoup plus de place", se justifie le commissaire de l'exposition.
Rien dans l'exposition ne rappelle la morne vie quotidienne des Soviétiques sous Brejnev faite de magasins à moitié vides, de pénurie de nombreux produits de première nécessité et de files d'attente interminables.
- Culte de la personnalité -
Quelques objets rappellent le culte de la personnalité qui s'est progressivement développé autour de Léonid Brejnev: un énorme vase en faïence orné de son portrait, une statue en bronze, divers tableaux le représentant en uniforme de commissaire politique ou en promeneur bucolique dans une forêt...
"Le culte de Brejnev a été créé par son entourage, pas par lui", prend soin de préciser M. Prozoumenchtchikov.
Le goût immodéré de Brejnev pour les décorations de toutes sortes est évoqué de manière assez discrète, quelques médailles seulement étant exposées.
L'ex-numéro un soviétique aimait se montrer et être peint en grand uniforme, arborant une bonne quarantaine d'Ordre de Lénine, médailles de Héros de l'Union soviétique et autres Ordre de l'Etoile rouge.
L'exposition Brejnev n'est pas la seule à promouvoir actuellement une image positive du passé soviétique, une tendance politique qui s'est renforcée ces dernières années à l'initiative du Kremlin.
Une grande exposition consacrée au peintre Alexandre Guerassimov, l'un des créateurs du réalisme socialiste, célèbre pour ses tableaux glorifiant Staline et Lénine, s'est ouverte début février à Moscou.
"Alexandre Guerassimov était connu pour être très apprécié par Staline", a souligné le ministre russe de la culture Vladimir Medinski en inaugurant cette exposition organisée au coeur de Moscou, au Musée historique, sur la Place rouge.
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