Comme sept autres collégiens de l'Essonne, il a pris part lundi à un concours d'éloquence organisé au tribunal de grande instance d'Evry. Sa mission: persuader son auditoire de relaxer le célèbre écrivain.
"Son réel but est de faire avancer la justice et la société au nom de tous les citoyens en montrant la vérité vraie pour notre bien à tous", poursuit-il d'un ton solennel.
Dans la grande salle de la cour d'assises, le public est nombreux et tout ouïe.
Pendant plusieurs semaines, Ajit et sa classe de troisième du collège Pablo-Neruda de Grigny ont planché avec leurs professeurs sur le thème du "J'accuse" de Zola, publié en pleine affaire Dreyfus, en abordant des thématiques aussi complexes que la liberté d'expression et la diffamation.
Ces thèmes ont ensuite été déclinés sur une autre affaire: le cas réel du maire d'un petit village de Picardie, condamné en octobre pour avoir diffusé des tracts reliant cambriolages et gens du voyage.
"Grande gueule" comme elle se définit elle-même, Mariam, 14 ans, joue cette fois le rôle du procureur. "Même s'il n'est pas l'auteur des tracts, en les distribuant, on peut considérer qu'il était d'accord avec leur contenu", argumente-t-elle du haut de son perchoir, affranchie de tout stress.
"Aujourd'hui, ce cas concerne des gens du voyage et demain, ça peut être un autre groupe de personnes, une autre ethnie, ou une autre communauté. Cela ne doit pas se reproduire, ce n'est pas acceptable de la part d'un maire!", clame-t-elle.
Et Mariam a rempli sa mission: elle remporte le premier prix dans la catégorie procureur. A l'annonce de sa victoire, c'est l'explosion de joie dans le public.
- 'Esprit critique' -
A l'initiative de ce concours, Nicole Jarno, la présidente du tribunal, qu'elle se dit soucieuse "d'ouvrir" vers l'extérieur. "J'ai été totalement bluffée par la qualité des travaux des jeunes", glisse-t-elle dans un sourire. "Ils ont fait un travail extraordinaire sur des textes pas faciles", ajoute-t-elle, louant leur "maturité", leur "réflexion" et "un vrai esprit critique".
"Au début, c'était difficile. On avait beaucoup d'arguments mais on ne savait pas construire un texte", explique Mariam.
Pour préparer ce concours d'art oratoire, les élèves, issus de quatre collèges du département, ont reçu pendant l'année l'assistance d'avocats et magistrats professionnels pour les aider à mieux convaincre les jurés: argumenter, structurer ses idées mais aussi se détacher de ses notes, utiliser l'espace...
Des conseils qui ont sans doute aidé Saliha, élève de quatrième au collège Aimé-Césaire des Ulis, lauréate parmi les avocats d'un jour. "Mon client défend le peuple. S'il ne défend pas la France, qui le fera?", plaide-t-elle en défense d'Emile Zola.
"J'avais le trac parce que je n'avais jamais fait ça", a-t-elle reconnu après sa victoire. Selon elle, se mettre dans la peau d'une avocate lui a également permis de mieux connaitre le fonctionnement de l'institution judiciaire. "Ça m'a aidée à m'exprimer et j'ai pu découvrir les métiers de la justice", dit-elle.
De quoi susciter de nouvelles vocations? "Sans cette expérience, je n'aurais peut-être jamais pensé à faire des études de droit", explique Mariam, "pourquoi pas travailler dans ce milieu plus tard?"
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