Ces bombardements, l'escalade entre la Turquie et la Russie, toutes deux impliquées militairement sur le terrain ainsi que l'avancée des Kurdes dans le nord où le régime syrien est aussi à l'offensive, augurent mal d'une trêve décidée par les grandes puissances et qui doit théoriquement entrer en vigueur à la fin de la semaine.
Des tirs de missiles ont "tué près de cinquante civils dont des enfants et fait de nombreux blessés" dans "au moins" cinq établissements médicaux et deux écoles à Alep et Idlib (nord de la Syrie), a affirmé l'ONU.
Ces attaques - qui ont touché notamment un hôpital soutenu par Médecins sans frontières (MSF) - sont des "violations flagrantes du droit international" et "jettent une ombre sur les engagements pris par le Groupe de soutien international à la Syrie" sur une cessation des hostilités, a estimé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Le président syrien Bachar al-Assad a lui aussi semblé sonner le glas d'une éventuelle trêve, la jugeant "difficile".
"Jusqu'à présent, ils (les grandes puissances) disent qu'ils veulent un cessez-le-feu d'ici une semaine. Qui est capable de réunir toutes ces conditions en une semaine ? Personne", a-t-il déclaré selon l'agence de presse syrienne SANA.
La Syrie est ravagée depuis près de cinq ans par une guerre qui a fait plus de 260.000 morts et poussé des millions de personnes à l'exil. Elle implique aujourd'hui une multitude d'acteurs syriens et internationaux.
Les frappes de lundi contre des hôpitaux et des écoles étaient vraisemblablement russes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.
- 'Brutalité' -
Outre l'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne et la France ont fermement condamné ces bombardements.
Washington a fustigé une nouvelle fois la "brutalité" du régime du président Assad et mis "en doute la volonté et/ou la capacité de la Russie à aider à l'arrêter". Moscou mène depuis le 30 septembre une campagne de frappes aériennes en Syrie en soutien au régime Assad.
L'ambassadeur de Syrie en Russie a démenti toute implication russe dans le bombardement de l'hôpital de MSF, rejetant la responsabilité de la destruction sur les Etats-Unis.
"L'aviation russe n'a rien à voir dans tout ça", a assuré Riad Haddad dans une interview accordée à la chaîne de télévision publique russe Rossiya 24.
Washington a par ailleurs exhorté lundi la Russie et la Turquie à éviter toute escalade au moment où le ton devient de plus en plus acerbe entre Moscou et Ankara.
Moscou a dénoncé les "actions agressives" de la Turquie en Syrie qui s'apparentent, selon elle, à un "soutien non voilé au terrorisme international".
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a répliqué en accusant la Russie de se comporter "comme une organisation terroriste" en Syrie où elle mène, au même titre que les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), des "attaques barbares contre la population civile". Si elle continue, "nous lui opposerons une riposte extrêmement résolue", a-t-il averti.
L'armée turque a pilonné, pour le troisième jour consécutif, des positions des forces kurdes de Syrie dans le nord et M. Davutoglu a prévenu que les bombardements allaient se poursuivre.
Malgré ces tirs, les Kurdes, qui ne sont alignés ni sur le régime ni sur les rebelles et souhaitent relier les zones qu'ils contrôlent dans le nord de la Syrie, ont continué à progresser.
Après plusieurs victoires contre les rebelles syriens soutenus par la Turquie, ils ont repris lundi soir la ville de Tall Rifaat, un des trois derniers grands bastions de la rébellion dans la province d'Alep, selon l'OSDH.
A Alep, ancienne capitale économique du pays, les quartiers contrôlés par les rebelles sont désormais presque totalement encerclés par l'armée syrienne, appuyée par l'aviation russe.
Dans ce contexte, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui tente à grand peine de réunir les parties pour des négociations, sera mardi à Damas.
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