"Ce sera un concert normal de rock, on va s'amuser", veut croire le chanteur et guitariste des "EODM", Jesse Hughes, dans un entretien à l'AFP. A la différence du 13 novembre, il sera accompagné sur scène par son ami Josh Homme, co-fondateur de ce groupe de rock sans fioritures devenu mondialement célèbre bien malgré lui.
Le groupe a repris samedi la tournée internationale qu'il avait suspendue au lendemain de l'attentat dans lequel ont été tuées 90 personnes (sur les 130 tués à Paris) pendant leur concert au Bataclan.
Le Bataclan toujours fermé, c'est au fronton de l'Olympia que leur nom va apparaître pour une soirée forcément particulière, en présence de rescapés et de proches des victimes, invités par la production, mais aussi de fans du groupe qui ont acheté leur billet.
"EODM" était brièvement apparu sur scène aux côtés de U2 à Bercy début décembre, mais il s'agit là de leur premier concert en France depuis la tuerie, avec la même première partie qu'en novembre (le duo autrichien White Miles).
Jesse Hughes voit dans ce concert une "thérapie" pour lui.
Pour les rescapés, c'est parfois plus délicat. Venir ou pas, pour "beaucoup, ce sera une décision de dernière minute", estime Alexis, un membre de l'association "Life for Paris" qui regroupe quelque 500 rescapés.
"Il y a des personnes pour qui c'est important, cela fait partie du processus de reconstruction, mais il y a aussi beaucoup de gens pour qui c'est beaucoup trop tôt ou qui ne sont pas en état", ajoute-t-il.
Clotilde, une fan du Bataclan, n'en sera pas, bien qu'elle ait son invitation. Encore choquée, elle a été plus effrayée que rassurée par l'important dispositif de sécurité annoncé.
Un périmètre de sécurité doit être installé dans l'après-midi autour de l'Olympia, a annoncé la préfecture de police. Un "périmètre sanctuaire" qui sera "sans stationnement et vide de piéton, excepté le public du concert".
- Des psychologues à l'Olympia -
L'autre inconnue est psychologique et tient aux possibles réactions des rescapés qui, pour certains, retourneront pour la première fois à un concert. Ces victimes des attentats courent en effet le risque de revivre le traumatisme du 13 novembre, estime Carole Damiani, psychologue et directrice de l'association Paris Aide aux victimes
Pour les aider, il y aura sur place une "équipe d'une trentaine de personnes avec des psychologues" présente pendant tout le concert, a-t-elle indiqué. Les rescapés "ont le droit de ne pas y aller" et de sortir s'ils en éprouvent le besoin, a rappelé cette psychologue.
Jesse Hughes assure "comprendre ce que ressentent les gens qui ne peuvent pas venir". "Nous reviendrons", leur promet le leader moustachu du groupe, qui entend rencontrer des rescapés mardi et dit qu'il essaie de répondre à tous les appels et toutes les lettres qu'il reçoit. Début décembre, au lendemain de leur apparition aux côtés de U2, les membres du groupe étaient allés se recueillir devant le Bataclan.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, doit se rendre à l'Olympia mardi en début de soirée, pour rencontrer les musiciens et dialoguer avec les spectateurs avant le concert.
Rebaptisée le "Nos Amis Tour", en français dans le texte, la tournée mondiale des EODM les emmènera dans les prochains mois à travers l'Europe, l'Amérique du sud, l'Amérique du nord et l'Australie. Elle compte pour le moment deux autres dates en France, à Nîmes le 2 mars et à Lille le 7 mars.
Le groupe a clamé son intention d'être le premier groupe à rejouer au Bataclan quand la salle pourra rouvrir. Une réouverture que les patrons de la salle espèrent pour fin 2016 après rénovation.
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