"En tant que commissaire (européen) à l'Agriculture, je ne peux me satisfaire de la situation actuelle des agriculteurs, et je reconnais que la situation nécessite non seulement une réponse de chaque Etat membre, mais aussi une réponse au niveau de l'UE", a déclaré le commissaire européen chargé de l'Agriculture Phil Hogan, à l'issue d'une réunion des 28 ministres de l'Agriculture de l'UE à Bruxelles.
Il a demandé une liste de mesures "nouvelles et innovantes" qui seront évaluées par l'exécutif européen.
"Le commissaire (...) a fait le constat de la gravité de la situation", s'est félicité le ministre français de l'Agriculture Stéphane Le Foll, qui a annoncé une visite de M. Hogan le 25 février à Paris, et une rencontre avec le Premier ministre Manuel Valls.
Le commissaire a "hâte de se rendre à Paris", mais a renvoyé toute décision au prochain conseil des ministres de l'Agriculture à Bruxelles le 14 mars.
"Les agriculteurs français font face à de grandes difficultés, je le reconnais", a avancé M. Hogan, mais "il faudra peut-être encore du temps pour obtenir un consensus large" au sein des 28 ministres, a-t-il ajouté.
Au moment où se déroulait la réunion ministérielle à Bruxelles, les agriculteurs français, qui dénoncent les cours trop bas de leurs productions, ont mené plusieurs actions lundi dans l'ouest et le centre du pays.
-Agriculteurs français en colère-
Jeudi soir, le président François Hollande avait promis que "les choses allaient bouger" lors de ce conseil agricole.
Face à la multiplication des manifestations d'agriculteurs en France, Paris a proposé un mémorandum de propositions pour soutenir les marchés en crise, qu'elle a présenté aux autres Etats membres au cours d'un déjeuner informel.
"Plusieurs Etats membres ont exprimé leurs inquiétudes et dit clairement que la situation dans les secteurs des produits laitiers et de la viande porcine devait s'améliorer de façon urgente", a souligné de son côté la présidence tournante néerlandaise par la voix de son ministre Martijn Van Dam.
La Pologne et l'Espagne en particulier ont également fait part de sérieuses difficultés, qui ne faiblissent pas cinq mois après l'activation d'un plan d'urgence européen de 500 millions d'euros, principalement sous formes d'enveloppes nationales destinées à des aides directes.
"Tout le monde fait le constat que ces propositions n'avaient pas permis, loin s'en faut, d'être à la hauteur de la situation que nous connaissons", a souligné M. Le Foll.
M. Hogan a été réceptif aux idées avancées par Paris, comme les crédits à l'exportation ou la demande, pressante, de lever l'embargo sanitaire imposé par la Russie. "Il a aussi considéré qu'il fallait trouver des solutions de maîtrise de production actuelle", a ajouté le ministre français.
Il a, à ce titre, dénoncé la spirale "extrêmement dangereuse" d'augmentation de la production de lait en Europe, poussée par la baisse des prix mais qui ne fait qu'accentuer la pression déflationniste.
Toute mesure de soutien supplémentaire devra répondre à trois critères, a de son côté insisté M. Hogan: être compatible avec la Politique agricole commune et avec les contraintes budgétaires de l'Union, en plus d'obtenir un "large soutien" des 28.
Le demi-milliard débloqué par Bruxelles a été dépensé au travers des enveloppes nationales et de mesures de soutien comme l'aide au stockage privé, une mesure qui a soutenu les prix du porc en janvier mais à laquelle, par exemple, la France a peu participé.
Douze Etats ont d'ores et déjà apporté leur soutien à la France pour l'activation de mesures supplémentaires, a rapporté M. Le Foll lors de son point presse.
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