L'émissaire de l'ONU pour la Libye Martin Kobler a appelé le Parlement basé à Tobrouk (est) à ne pas laisser passer cette "opportunité unique" de sortir le pays du chaos dans lequel il se trouve depuis la chute du dictateur Kadhafi.
Les députés se sont réunis lundi dans l'après-midi mais la séance a été rapidement suspendue jusqu'à mardi.
Avant d'accorder leur confiance ou non à ce nouveau gouvernement de 18 ministres, les parlementaires veulent "connaître le programme et discuter des CV des ministres", a indiqué à l'AFP un des députés présents, Khalifa al-Deghari.
Quelques heures plus tôt, vers minuit, la liste des ministres avait été dévoilée par le Conseil présidentiel, composé de neuf membres de factions rivales libyennes et dirigé par le Premier ministre désigné, Fayez al-Sarraj. Ces responsables étaient réunis depuis plusieurs jours à Skhirat au Maroc où se tiennent les négociations sous l'égide de l'ONU.
"Nous espérons que ce gouvernement représentera le début de la fin du conflit en Libye", a déclaré le porte-parole du Conseil présidentiel, Fathi al-Mejebri.
L'annonce est intervenue quelques minutes seulement avant l'expiration du délai accordé par le Parlement reconnu pour la présentation du nouveau gouvernement. Une première liste qui comptait 32 membres avait été rejetée le 25 janvier, le nombre de ses membres étant jugé trop élevé.
- De nombreux défis -
L'installation d'un gouvernement d'union à Tripoli est espérée avec force par la communauté internationale, de plus en plus préoccupée par l'absence d'un pouvoir central en Libye.
Cette instabilité a favorisé l'implantation du groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui contrôle la ville portuaire de Syrte et ses environs. Elle rend aussi plus difficile la lutte pour freiner le départ de milliers de migrants des côtes libyennes vers l'Europe.
"J'espère que la Libye pourra avoir un gouvernement pleinement opérationnel très prochainement", a déclaré lundi la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini. "Cela serait un immense pas en avant en vue d'une pacification du conflit politique et un moyen de rétablir l'Etat", a renchéri le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
Les Européens se sont déclarés prêts à aider la Libye, une fois dotée d'un gouvernement d'unité, à faire redécoller une économie quasiment à l'arrêt et à lutter militairement contre l'EI, éventuellement par une campagne de frappes aériennes comme en Syrie ou en Irak.
Le pays est livré à des groupes politiques et armés rivaux depuis que Mouammar Kadhafi a été renversé et tué en 2011 à la suite d'une rébellion soutenue par une intervention militaire occidentale menée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
- Députés "mécontents" -
Deux autorités principales se disputent le pouvoir: un gouvernement reconnu par la communauté internationale installé dans l'est, et un autre basé à Tripoli, sous le contrôle d'une coalition de milices, en partie islamistes.
Des représentants des deux Parlements rivaux avaient signé mi-janvier un accord parrainé par l'ONU. Mais les négociations pour la formation d'un gouvernement d'unité ont été très compliquées, notamment pour l'attribution du portefeuille de la Défense, qui a finalement été accordé à Al-Mahdi al-Barghathi, un colonel des forces armées loyales aux autorités reconnues internationalement.
Deux membres du Conseil ont cependant refusé de signer le document scellant le nouveau gouvernement. L'un d'eux, Ali al-Gatrani, conteste la nomination du colonel Barghathi, perçu comme un rival du controversé général Khalifa Haftar, homme fort des autorités de l'Est, dont il est proche.
Par ailleurs, une partie des députés "sont mécontents" de la méthode suivie par le Conseil présidentiel et M. Sarraj pour former le gouvernement, selon le député Deghari. "Les noms des ministres nous ont été envoyés par courrier électronique à minuit et on nous demande de voter le lendemain", a-t-il expliqué.
L'ordre du jour de la séance parlementaire comprend aussi un vote sur l'inclusion de l'accord politique conclu en décembre à Skhirat dans la Constitution de 2011. Il nécessite l'approbation de deux tiers des membres.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.