Le président du Conseil européen, M. Tusk, qui a annulé tous ses engagements de la semaine pour défendre sa proposition visant à éviter une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ("Brexit"), s'est entretenu en milieu de journée avec le président François Hollande.
Interrogé à sa sortie du palais présidentiel de l'Elysée sur la possibilité de parvenir à un accord, il a répondu d'un laconique "je l'espère".
Il devait ensuite se rendre à Berlin, Prague et Bucarest pour tenter de consolider un processus qu'il reconnaît lui-même comme "très fragile".
Quant au Premier ministre britannique, dont la venue surprise a été annoncée lundi par Londres avant d'être confirmée par Paris, il devait s'entretenir en début de soirée avec le président français, les deux dirigeants n'ayant pas prévu de prendre la parole à l'issue de leur rencontre.
Cet entretien "intervient après la rencontre entre le Premier ministre et la chancelière allemande Angela Merkel vendredi et avant des réunions avec des députés européens demain (mardi) à Bruxelles", a indiqué Downing Street.
"Nous avons fait des progrès (dans les négociations) mais il reste des "détails à régler", a-t-on également déclaré de même source, prévenant que "rien n'était réglé tant que tout n'est pas réglé".
Le Royaume-Uni négocie les termes de son adhésion à l'UE et espère parvenir à un accord cette semaine lors du sommet européen à Bruxelles, avant un référendum qui pourrait se tenir dès cet été.
Donald Tusk a présenté le 2 février un pré-accord pour répondre aux revendications britanniques et éviter un "Brexit", mais de l'immigration à la souveraineté politique, en passant par l'économie, les sujets délicats restent nombreux.
Ainsi, la France a d'ores et déjà prévenu qu'il n'était pas question de modifier les traités européens pour répondre aux exigences des Britanniques. "Il n'est pas acceptable de revoir ce qui fonde les engagements européens", a martelé François Hollande ces dernières semaines.
La France a notamment émis un certain nombre d'objections sur une série de garanties promises à Londres pour les pays qui n'appartiennent pas à la zone euro, particulièrement celles concernant la City afin que celle-ci ne pâtisse pas d'un renforcement de la monnaie unique.
- 'Problèmes politiques en suspens' -
Paris rejettera toute mesure qui permettrait aux neuf pays n'ayant pas adopté la monnaie unique de bloquer les décisions des 19 membres de la zone euro. "Il ne peut exister aucun veto de la part de pays ne faisant pas partie de la zone euro", a prévenu François Hollande, alors que Paris souhaite poursuivre l'intégration de l'Union économique et monétaire (UEM).
La protection des intérêts des pays non membres de l'eurozone est une question qui "doit être réglée, qui est essentielle pour la Grande-Bretagne", a réitéré lundi à Bruxelles le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond.
Le projet d'accord concocté par Donald Tusk sera soumis jeudi et vendredi aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.
Si des "clarifications techniques et juridiques" ont été apportées par les négociateurs européens, "des problèmes politiques restent en suspens", a précisé une source européenne à l'AFP.
Philip Hammond a confirmé dimanche que les négociations se poursuivraient jusqu'à la dernière minute, certaines décisions "ne pouvant être prises que par les chefs d'Etat et de gouvernement assis ensemble dans une pièce".
"Rien n'est réglé tant que tout n'est pas réglé, c'est ouvert, tout est sur la table en ce moment", a-t-il répété lundi à Bruxelles.
David Cameron, qui a promis d'organiser prochainement un référendum sur le maintien ou non de son pays au sein de l'Union, sans doute en juin, avait pour sa part réaffirmé, vendredi en Allemagne, croire aux chances d'un accord.
"En ce qui concerne la place de la Grande-Bretagne dans l'Europe, j'ai toujours été confiant dans le fait qu'ensemble nous pouvons obtenir les réformes qui répondent aux attentes britanniques et fonctionnent aussi pour l'Europe entière", a plaidé M. Cameron devant la chancelière Angela Merkel.
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