"Aujourd?hui hui, tout est visible, traçable", analyse auprès de l'AFP l'agent de joueurs Christophe Mongaï, qui s'occupe notamment des intérêts de Jordan Amavi en Angleterre ou Lamine Gassama à Lorient.
Cadre d'un club de renommée mondiale à 23 ans, Aurier n'a visiblement pas pris conscience que ses propos insultants (Laurent Blanc, "c'est une fiotte") porteraient autant. Ils les a proférés à son domicile en compagnie d'un ami, dans la fumée lourde de la chicha de ce dernier... mais via l'application de vidéo en direct Periscope, propriété de Twitter.
Et là où des déclarations mal maîtrisées, blagues vaseuses ou propos plus que limites sur Twitter ou Snapchat passent inaperçus chez monsieur tout-le-monde, elles tranchent, pour les "footeux", avec la communication très maîtrisée des clubs professionnels. Avec des conséquences démultipliées.
"Les clubs, les partenaires suivent tout ça de très, très près, souligne Mongaï. Il convient donc de ne jamais écrire des propos allant à l'encontre du club, de ses partenaires, de ses équipiers. ?Il ne faut jamais nuire à l'image du club."
- 'Déjà trop tard' -
La "grosse connerie" de Serge Aurier - c'est lui qui l'appelle ainsi - est d'autant moins pardonnable que l'Ivoirien est récidiviste: en mars 2014, forfait sur blessure pour le 8e de finale retour de Ligue des champions à Chelsea (2-2 a.p.), Aurier avait diffusé sur sa page Facebook une vidéo où on le voyait hurler: "Ici c'est Paname, arbitre sale fils de pute!"
Il s'était déjà excusé mais avait été suspendu trois matchs par l'UEFA, qui sanctionnait pour la première fois un joueur pour des propos tenus sur les réseaux sociaux.
"On essaie de sensibiliser les joueurs au maximum, mais on ne peut pas être derrière chaque joueur au moment où ils pianotent sur leur smartphone", explique Christophe Mongaï. "On essaie bien sûr de veiller à ce qu'il n'y ait pas de dérapage. Mais on ne peut pas faire grand chose car dès que l'information est diffusée sur les réseaux sociaux il est déjà trop tard pour agir."
Si cela a des conséquences, évidentes, pour leur club ou le vestiaire, cela peut aussi freiner, voire stopper la carrière des joueurs.
Dans leur recrutement, les clubs "prennent en compte, analysent" la stratégie réseaux sociaux des joueurs professionnels. "Les joueurs représentent l'image des clubs et se doivent donc d'essayer d'être irréprochables", conclut Mongaï.
- Agences spécialisées -
Certains joueurs maîtrisent l'outil et ses subtilités, répondant à leurs fans, maniant l'autodérision et les vannes, comme le Guingampais Nicolas Benezet, le Marseillais Michy Batshuayi ou le milieu d'Auxerre Pierre Bouby, qui prévient dans sa "bio" Twitter: "Mes tweets ne sont pas là pour enlever l'étiquette du débile collée sur le front du footballeur".
"Sachez que si je me retrouve un jour dans une situation similaire à celle de Serge Aurier, je plaiderai l'alcoolisme", s'est ainsi amusé le joueur auxerrois dimanche.
Pour d'autres, c'est plus compliqué: Sergi Guardiola, joueur espagnol de 24 ans, s'est fait licencier par Barcelone fin décembre, quelques heures après y avoir signé un contrat avec l'équipe B. Motif: des tweets pro-Madrid et anticatalans datant de 2013 déterrés par des curieux.
Le PSG avait déjà eu à traiter de problèmes de réseaux sociaux en mai 2015, suivant le même procédé qui avait vu des internautes retrouver des tweets embarrassants de la part de jeunes joueurs de l'effectif parisien. Le plus emblématique, le gardien Mory Diaw, avait quitté le club lors de la fenêtre de mercato suivante pour s'engager avec un club de 2e division portugaise.
Du coup, de plus en plus de joueurs confient leur communication sur les réseaux sociaux à des agences spécialisées, quitte à la limiter à des commentaires aseptisés comme ceux souvent débités en conférences de presse.
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