Devant une foule très fervente, qui avait commencé à affluer dès la veille, le pape a prononcé la prière de l'Angelus pour le Mexique, dont il a rappelé la patronne, la Vierge de Guadalupe, qu'il avait vénérée samedi. Il a appelé les catholiques à retrouver confiance au milieu des fléaux de la corruption et de la criminalité.
"Je voudrais vous inviter de nouveau à être en première ligne, à être les premiers dans toutes les initiatives qui aident à faire de cette terre mexicaine bénie une terre d'opportunités", a-t-il recommandé.
"Une terre, a-t-il martelé, où il ne sera pas nécessaire d'émigrer pour rêver. Où il ne sera pas nécessaire d'être exploité pour travailler. Où il ne sera pas nécessaire de faire du désespoir et de la pauvreté d'un grand nombre l'opportunité de quelques-uns. Une terre qui ne devra pas pleurer des hommes et des femmes, des jeunes et des enfants qui finissent, détruits, dans la main des trafiquants de la mort."
"On ne dialogue pas avec le diable", a-t-il lancé.
Evoquant trois tentations, "la richesse", "la vanité" et surtout "l'orgueil", "le plus grave", Jorge Bergoglio a critiqué ceux qui "s'approprient des biens qui ont été donnés à tous".
C'est, a-t-il fustigé, prendre le "pain" gagné à la sueur du front de l'autre, voire au prix de sa vie. "Cette richesse est un pain au goût de douleur, d'amertume, de souffrance. Dans une famille ou une société corrompue, c'est le pain que l'on donne à manger à ses propres enfants", a-t-il observé, dans une réflexion très sociale sur la vaste corruption qui gangrène le Mexique.
Plusieurs milliers de fidèles avaient passé la nuit sur place, malgré le froid, dormant dans des abris improvisés de plastique ou de carton, pour pouvoir assister à cette messe célébrée sur une estrade ornée de dessins aztèques colorés.
"Nous avons confiance en Dieu, le pape ne vient pas ici par hasard", commentait Luz Maria Osorio Cruz, une riveraine de 60 ans.
- Survol des pyramides en hélicoptère -
Plus tôt dans la matinée, le souverain pontife avait traversé Mexico en papamobile devant une foule de plus d'un million de personnes, avant de monter dans un hélicoptère et de survoler les pyramides de l'ancienne cité de Teotihuacan.
A Ecatepec, des centaines de policiers canalisaient la foule, et des militaires étaient postés aux endroits sensibles, tandis que des fidèles chantaient et jouaient de la musique, près de murs couverts de graffitis à l'effigie du pape François: "Que ton esprit de paix illumine Ecatepec", "Merci, François, de nous combler de joie".
Dans cette ville surpeuplée à 30 km de Mexico, les violences ont augmenté dramatiquement au cours des dernières années. Ecatepec détient le record au Mexique des disparitions et meurtres de femmes.
Ecatepec est le premier de plusieurs lieux sensibles qu'a choisi de visiter le pape dans les trois jours à venir. Il se rend lundi à Tuxtla Gutierrez et San Cristobal de Las Casas, deux villes du Chiapas très pauvre et longtemps rebelle, à la frontière guatémaltèque. Suivra Morelia, où des milices d'autodéfense résistent au pouvoir de barons de la drogue, et Ciudad Juarez, une région dangereuse, où les migrants sont victimes de violences quand ils cherchent à rejoindre la frontière américaine.
De retour d'Ecatepec, le pape a choisi de se rendre dans l'hôpital pédiatrique "Federico Gomez" à Mexico, qu'il a préféré à une rencontre avec le monde de la culture mexicaine. Il a exalté "la thérapie de la tendresse" du personnel soignant dans cet hôpital modèle qui accueille des enfants de familles pauvres.
François a aussi rencontré à la nonciature apostolique une délégation de six jésuites mexicains qui lui ont remis une relique du bienheureux Miguel Pro, fusillé en 1927 pendant les persécutions antireligieuses, à l'époque de l'insurrection catholique "Cristera".
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