L'union improbable entre cette designer qui ne parle que le japonais et ce coin de France surtout connu à l'étranger pour sa crise des migrants à Calais remonte à 1998.
Séduite par la dentelle de Calais, mais aussi par les paysages et la lumière de la région, Yukari Suda dessine une première collection Pas de Calais (sans trait d'union pour sa marque).
Le succès est immédiat au Japon. En 2013, une boutique a ouvert à New York, dans le quartier de Soho, puis une autre à Paris, en juillet dernier, dans le Marais.
La collection que la marque a présentée cette semaine à l'occasion de la Fashion Week de New York est conforme à l'esprit de la maison, avec des couleurs douces, beaucoup de beige, de marron, de gris.
"Il y a toujours une relation" avec le Pas-de-Calais, explique à l'AFP Yukari Suda, au sujet de ses créations.
"Mes vêtements ne sont pas faits de couleurs vives", dit-elle, mais plutôt dans tes tons "similaires à ceux de la mer dans le Pas-de-Calais".
Lors d'une visite dans la région, en 2014, Yukari Suda s'est rendue chez deux dentelliers calaisiens de renom, Cosetex et Noyon.
Elle n'a pas utilisé de dentelle de Calais dans cette nouvelle collection, "mais s'il y a une possibilité (à l'avenir), j'aimerais beaucoup".
Face à la "fast fashion", le sujet très discuté à la Fashion Week, cette femme élégante à la coupe au carré propose une mode pérenne.
"Je fais des vêtements pour que même si une femme a acheté des pièces il y a vingt ans, elle puisse les porter avec celles d'aujourd'hui", explique-t-elle.
L'élégance dans le vêtement quotidien, le chic tout-terrain qui est aujourd'hui adopté par beaucoup de créateurs, Yukari Suda en a fait son identité depuis toujours.
"Je veux faire de vrais vêtements", dit-elle. "Il n'y a aucun intérêt à faire des vêtements si vous ne pouvez pas les porter."
Un revers, un dégradé, une échancrure, la styliste a placé ici ou là un détail qui donne de l'allure à ses robes, ses pantalons ou ses vestes, sans ostentation.
Cette année, la collection est placée sous le signe de la "détérioration", de l'usure du temps.
A New York, elle a été présentée dans un ancien espace industriel du quartier de Soho, murs en brique et charpente métallique apparents.
Ce thème lui évoque le déclin des industries textiles, en France mais aussi au Japon, explique-t-elle, alors que résonne l'enregistrement de la voix d'un enfant qui se serait perdu dans ce lieu à l'abandon.
Une fois encore, le Pas-de-Calais n'est jamais loin.
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