"Nous approchons du moment où les machines pourront surpasser les humains dans presque toutes les tâches", a prévenu Moshe Vardi, directeur de l'Institute for Information Technology à l'Université Rice au Texas.
"La société doit se pencher sur cette question dès maintenant car si des robots font presque tout ce que nous faisons comme travail, qu'allons nous faire", s'est-il interrogé samedi aux côtés d'autres experts lors de la conférence annuelle de l'American Society for the Advancement of Science (AAAS) réunie à Washington.
Pour le scientifique qui n'exclue pas la fin du travail humain, "la question est de savoir si l'économie mondiale peut s'adapter à un taux de chômage de plus de 50%". Aucune profession n'est à l'abri, pas même les travailleurs du sexe, a-t-il lancé.
L'automatisation et la robotisation ont déjà bouleversé le secteur industriel ces 40 dernières années, dopant la productivité au détriment de l'emploi. Le nombre de création de postes dans le secteur manufacturier a atteint son pic en 1980 aux Etats-Unis et n'a cessé depuis de diminuer, s'accompagnant d'une stagnation des revenus de la classe moyenne, a expliqué Moshe Vardi.
Aujourd'hui on compte plus de 200.000 robots industriels dans le pays et leur nombre continue à augmenter.
La recherche se concentre actuellement sur la capacité de raisonnement des machines et les progrès ces vingt dernières années sont spectaculaires, selon cet expert.
"On a toutes les raisons de penser que les progrès des 25 prochaines années seront tout aussi impressionnants", a-t-il ajouté.
Selon lui, 10% des emplois qui nécessitent de conduire un véhicule aux Etats-Unis pourraient disparaitre en raison de l'automatisation de la conduite d'ici vingt-cinq ans.
Bart Selman, professeur de sciences informatiques à l'Université Cornell prévoit quant à lui que "dans les deux ou trois ans (à venir) des machines autonomes (...) feront leur entrée dans la société permettant entre autres la conduite automatisée de voitures et camions mais aussi de contrôler des drones de surveillance".
Cet expert a expliqué que des progrès très importants ont été fait depuis cinq ans notamment dans la vision et l?ouïe artificielles permettant à des robots de voir et d'entendre comme les humains.
- Perte de contrôle des humains -
Le professeur Selman a indiqué que les investissements dans l'intelligence artificielle aux Etats-Unis ont été de loin les plus élevés en 2015 depuis la naissance de ce domaine de recherche il y a cinquante ans, citant Google, Facebook, Microsoft et Tesla, du milliardaire Elon Musk, soulignant que le Pentagone a demandé 19 milliards de dollars pour développer des systèmes d'armement intelligents.
Ce qui est inquiétant dans ces nouveaux logiciels, s'accordent à dire les experts, c'est leur capacité à synthétiser les données et à exécuter des tâches complexes.
"On peut donc s'interroger sur le niveau d'intelligence que ces robots pourront atteindre et si les humains ne risquent pas un jour de perdre le contrôle", a pointé Bart Selman.
L'astrophysicien britannique Stephen Hawking avait notamment mis en garde contre ce danger expliquant que "les humains sont limités par une évolution biologique lente". "L'intelligence artificielle pourrait se développer d'elle-même à un rythme de plus en plus rapide", avait-il expliqué.
Ces questions ont conduit les scientifiques à envisager l'établissement de règles éthiques pour encadrer le développement de l'intelligence artificielle ainsi que de programmes centrés sur la sécurité.
Elon Musk a lancé en 2014 une initiative de 10 millions de dollars à cette fin, estimant que l'intelligence artificielle était "potentiellement plus dangereuse que le nucléaire".
En 2015, un groupe de personnalités de haut vol, dont Stephen Hawking, Elon Musk et Steve Wozniak, cofondateur d?Apple, avait publié une lettre ouverte plaidant pour "l?interdiction des armes autonomes".
Ils expliquaient que "si une grande puissance développait des armes dotées d'une intelligence artificielle autonome, cela entraînerait une course dangereuse de ce type d?armement".
Pour Wendel Wallach, un éthicien de l'Université Yale, ces dangers nécessitent une mobilisation de la communauté internationale.
L'idée, a-t-il résumé samedi, "est de s'assurer que la technologie demeure un bon serviteur et ne devienne pas un maître dangereux".
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