Le pape François, 79 ans, qui semblait en bonne forme, a été accueilli triomphalement samedi le long des avenues de Mexico, sur des kilomètres, par une foule joyeuse de centaines de milliers de Mexicains.
Dans la matinée, le pape a été reçu au Palais national par le président Enrique Pena Nieto, une première symbolique dans un pays fervent qui n'a cependant rétabli des relations diplomatiques avec le Vatican qu'en 1992, et possède une longue tradition laïque. M. Pena Nieto est du Parti révolutionnaire institutionnel, le parti qui dans le passé a été à l'origine de politiques très anticléricales.
"Votre visite transcende la rencontre entre deux Etats. C'est une rencontre entre une nation et sa foi. Votre Sainteté, le Mexique aime le pape François pour sa modestie, sa gentillesse et sa chaleur", a déclaré, très laudateur, le président.
Le pape a appelé la classe politique rassemblée dans la cour intérieure du Palais présidentiel à apporter une "justice réelle" et une "sécurité effective" à la population, alors que le pays, en proie à une violence endémique, est endeuillé par une bataille entre deux clans rivaux qui a fait 49 morts dans la prison de Monterrey (nord-est).
Il l'a aussi poussée à abandonner ses privilèges. "Chaque fois que nous cherchons la voie des privilèges et des bénéfices pour quelques-uns, tôt ou tard, la vie de la société devient un terrain fertile pour la corruption, le trafic de drogue, l'exclusion des différentes cultures, la violence, le trafic d'êtres humains, les enlèvements et la mort".
Jorge Bergoglio a aussi exalté "la culture métisse", "la biodiversité" et "la multiculturalité" du Mexique, des thèmes qui tiennent à coeur d'un pape défenseur de l'environnement et de la richesse des cultures indigènes.
- 'Abus de pouvoirs' -
Il a invité les évêques à ne pas se comporter en "princes" et à montrer un "courage prophétique" contre les "métastases" du trafic de drogues, au lieu de se contenter de "simples dénonciations".
Dans ce discours visiblement écrit de sa main, il leur a demandé de défendre les cultures indigènes menacées par l'oubli et d'assister les millions d'immigrés qui passent par le Mexique depuis le sud du continent pour rejoindre l'Eldorado américain.
Rogelio Cantu, un avocat de 57 ans sorti dans la rue pour apercevoir le souverain pontife, faisait écho aux dénonciations du pape: "Qu'il vienne mettre de l'ordre. Que le pape leur dise aux gouvernants qu'ils trouvent une solution une fois pour toute à la pauvreté, aux problèmes de migration, aux abus de pouvoir".
La visite du pape au Mexique a été demandée avec insistance par le gouvernement de Pena Nieto, fortement critiqué ces dernières années pour la situation des droits de l'Homme.
Le pape devait ensuite se rendre à la basilique de Notre Dame de Guadalupe, à 16 km, un moment essentiel de sa visite.
"C'est un grand dévot de la vierge et Guadalupe est non seulement une reine au Mexique mais aussi une impératrice en Amérique" estime Andrew Chesnut, professeur d'études religieuses à l'Université de Virginia Commonwealth, aux Etats-Unis.
Le Mexique condense actuellement des problématiques qui préoccupent le souverain pontife: une société inégale où la moitié de la population est pauvre, un pays livré à la violence du trafic de drogues et dans lequel des milliers de migrants vivent un calvaire en tentant de rejoindre les Etats-Unis.
Dimanche, le souverain argentin visitera Ecatepec, une ville surpeuplée à la périphérie de la capitale où les violences ont augmenté dramatiquement, notamment contre les femmes.
Puis le pape François se rendra ensuite au Chiapas (sud), l'Etat le plus pauvre.
Le pape a réservé la dernière étape de son voyage à la ville frontalière de Ciudad Juarez. Il terminera ses cinq jours de visite par une très symbolique messe face à la ville frontière américaine d'El Paso.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.