A quelques jours du sommet européen à Bruxelles du 18 et du 19 février, qui doit notamment se pencher sur l'afflux sans précédent depuis 1945 de migrants en Europe, le Premier ministre, en marge de sa visite à la conférence sur la sécurité de Munich, a répété à plusieurs reprises: "Nous ne pouvons pas accueillir plus de réfugiés."
Sinon, a-t-il réaffirmé, la fin de Schengen menace et le retour des frontières intérieures de l'UE, "avec les conséquences économiques qu'on peut imaginer".
"Je ne pense pas qu'il y ait aujourd'hui de majorité en Europe pour imposer un mécanisme permanent de relocalisation. Les solutions sont au Levant, en Turquie en Jordanie, en Méditerranée. Mais il faut un message très clair qui dise +maintenant, nous n'accueillons plus de réfugiés+", a insisté le chef du gouvernement français lors d'une rencontre avec la presse allemande.
Angela Merkel, qui cherche à établir "une coalition de volontaires" pour accueillir migrants et réfugiés -dont plus d'un million sont déjà arrivés en Allemagne-, a estimé vendredi qu'un groupe de pays de l'UE pourrait accepter de se répartir plus de réfugiés que ce qui est prévu jusqu'ici, en échange d'une lutte accrue de la Turquie contre la migration illégale.
- 'Quels pays vont accueillir plus de migrants ?' -
Manuel Valls a affiché son scepticisme, défendant les pistes françaises: centres d'enregistrement "hotspot" des migrants et garde-frontières européens.
"Quels pays vont accueillir plus de migrants? La Suède, le Danemark, la Finlande, qui ont déjà beaucoup accueilli? Le Royaume Uni? Je ne vous fais pas un dessin... L'Italie, qui peut à tout moment être confrontée à une nouvelle vague venue de Libye?", a-t-il questionné.
Sur fond d'aggravation de la crise migratoire, d'un nouvel exode de civils syriens à attendre de l'offensive russe autour d'Alep mais aussi des attentats de Paris du 13 novembre, la position française s'est durcie ces derniers mois.
En septembre, le président Hollande s'était pourtant dit favorable, au côté de Mme Merkel, à ce mécanisme permanent pour les réfugiés, après l'émotion mondiale provoquée par la photo du petit Aylan, retrouvé noyé sur une plage.
Vendredi, dans une interview au groupe de presse régional allemand Funke, M. Valls a considéré la politique d'ouverture aux réfugiés de Mme Merkel "temporairement justifiée" mais "pas tenable dans la durée".
"Je suis très impressionné par la capacité du peuple allemand à accueillir (...) Je respecte profondément la décision prise il y a quelques mois par la chancelière d'ouvrir les frontières de l'Allemagne. Ca n'a pas été la position de la France. Mais chacun sait que la situation a profondément changé", a plaidé le Premier ministre.
Les chiffres français -30.000 relocalisations de migrants arrivés en Europe et des demandes d'asile passées en un an de quelque 65.000 à environ 80.000 personnes- contrastent avec le 1,1 million de migrants arrivés en Allemagne, chiffre en augmentation.
Après un déjeuner avec le Premier ministre russe Dmitri Medvedev -qui a fustigé vendredi la politique migratoire "stupide" de Mme Merkel-, Manuel Valls s'est rendu samedi dans un centre de réfugiés des faubourgs de Munich.
Bâtiments en dur, centre d'accueil tenu par des bénévoles, voisins bienveillants: le centre incarne une générosité allemande qui suscite des critiques de certains partenaires européens mais aussi d'une partie de la classe politique allemande.
Vendredi soir, le chef du gouvernement français a d'ailleurs rencontré l'une de ces voix critiques parmi les alliés de la chancelière allemande: Horst Seehofer, ministre-président CSU (conservateur) de Bavière, un des Länder les plus concernés par l'afflux de migrants.
Son prédécesseur à Matignon, Jean-Marc Ayrault, désormais ministre des Affaires étrangères, effectue samedi à Munich son premier déplacement à l'étranger pour une conférence ministérielle sur la Libye. Les deux hommes ne se croiseront pas.
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