Guy Novès le consent avec une certaine gourmandise: "Je ne sais pas si on gagnera ce week-end mais il est certain que j'ai passé une bonne semaine." Pour le nouveau patron des Bleus, l'occasion est en effet belle d'exercer ses talents à tous les étages, glissant un oeil sur le plan de bataille par ci, un mot à l'oreille de ses hommes pour les galvaniser par là.
Car contre l'Irlande, étiquetée meilleure nation européenne depuis une paire d'années et face à qui les Bleus restent sur cinq matches sans victoire, une copie conforme à celle rendue il y a une semaine contre l'Italie, "ça ne passera pas, concède-t-il.
Le succès arraché dans les dernières minutes 23 à 21 avait certes permis d'inaugurer avec quelques cotillons le mandat Novès, mais il avait aussi mis en lumière le chemin restant à parcourir vers un rugby léché pratiqué par un effectif cohérent.
"Tout le monde s'est bien rendu compte qu'il y a des secteurs dans lesquels nous nous rapprochions de l'objectif. Mais il y a aussi des secteurs où nous étions très loin du niveau international", admet sans ciller Novès, louant en même temps de bonne grâce "la machine" irlandaise.
- 'On va être têtu' -
Cette semaine, l'ancien entraîneur de Toulouse a donc phosphoré pour extraire toute la moelle de son groupe, un exercice qu'on le soupçonne fort d'aimer plus que tout.
Sur le terrain, il s'agit d'entretenir les intentions de jeu en y imprimant un tempo plus élevé. Mais il faut aussi colmater les brèches en défense et retrouver de l'impact dans les zones d'affrontement, là-même où les Irlandais ont pris l'habitude de régner en maître.
La défaite 24 à 9 à la Coupe du monde en octobre dernier a cependant appris aux Bleus qu'il était à l'heure actuelle illusoire de vouloir remporter le bras de fer physique face à un XV du Trèfle autrement armé en la matière. Mais il serait aussi suicidaire de laisser la main dans ce secteur. Quel dilemme !
"Il faut avoir l'ambition de se dire: on va être têtu, on va tenir le plus longtemps possible", répond Novès. "Et puis il y aura peut-être un miracle: imaginons même que le XV de France puisse dominer. Ca serait bizarre... Mais moi j'ai cette ambition."
Expert dans l'art d'aiguillonner ses hommes, Novès a aussi misé sur l'émulation de la concurrence. A mots choisis, il a écarté le terme de "sanction" pour expliquer les six changements dans son XV de départ. Pourtant...
- 'Ca va les agacer' -
"Le fait qu'ils ne démarrent pas, j'espère que ça va les agacer", glisse-t-il à l'adresse de ses piliers Eddy Ben Arous et Rabah Slimani, relégués sur le banc au profit de Jefferson Poirot et Uini Atonio après avoir été chahutés en mêlée et plutôt transparents dans le jeu courant.
Chacun est prié d'emprunter le sillon tracé par l'ailier Virimi Vakatawa, électrisé par sa première samedi dernier.
"J'aimerais que l'ensemble des joueurs aient ce tempérament sur le terrain et ensuite la partie technique sera plus facile", résume Novès.
En tendant la main à l'ailier Teddy Thomas, absent en Bleu depuis un an, en relançant le deuxième ligne Alexandre Flanquart en dépit des débuts réussis de Paul Jedrasiak, Novès pique et caresse en même temps.
Qui sait si ça ne marchera pas face à un XV du Trèfle bloqué lui aussi en quart de finale de Coupe du monde et handicapé par quelques absences? Les hommes de Joe Schmidt n'ont eu que peu de temps pour se retourner après le match nul (16-16) énergivore concédé à Dublin face au pays de Galles dimanche dernier.
Et même s'ils sont apparus tenaces sur leurs fondamentaux, le volume de jeu imposé par les Gallois a menacé de faire craquer Jonathan Sexton and Co. Une voie à explorer, sans doute de manière imparfaite mais qu'importe: le temps est encore à l'indulgence.
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