"La cause de l'accident se situe bien dans l'ouverture dangereuse de la ridelle (paroi métallique maintenant en place le chargement, ndlr) du camion-benne", a déclaré la procureur de la République de La Rochelle, Isabelle Pagenelle, au lendemain du drame qui a fait six morts et deux blessés parmi les 15 collégiens et lycéens de l'autocar.
La magistrate a souligné que la ridelle latérale du camion, qui a cisaillé l'autocar dans quasiment toute sa longueur, était déjà ouverte avant la collision, à 90 degrés. "Normalement, elle s'ouvre totalement", or "elle est restée dans une position qui est une position inhabituelle et dangereuse", a expliqué la magistrate lors d'une conférence de presse.
L'enquête devra déterminer "les raisons et le moment de l'ouverture de cette ridelle", qui selon les premières expertises "semblait en parfait état de fonctionnement". Il s'agira également de comprendre "pourquoi le chauffeur du camion ne s'est pas aperçu qu'il roulait avec cette ridelle ouverte", a ajouté la procureure.
- "Témoignage spontané" -
Selon Mme Pagenelle, le "témoignage spontané" d'un automobiliste "ayant croisé le camion peu avant le bus" a permis d'établir que la ridelle était ouverte "depuis un certain temps" avant la collision. "Il a fait un écart pour éviter de percuter cette ridelle", a-t-elle ajouté.
Le chauffeur du camion, âgé de 23 ans, toujours en garde à vue, devrait être déféré samedi au parquet, en vue de l'ouverture d'une information judiciaire pour "homicides et blessures involontaires".
Il a indiqué aux enquêteurs conduire ce véhicule "depuis trois ans" et avoir signalé mi-janvier à sa hiérarchie une "fuite hydraulique sur le vérin arrière de la ridelle", qui selon lui, n'a "donné lieu à aucune réparation".
Des investigations étaient en cours pour vérifier l'entretien du camion. Les carnets d'entretien du véhicule ont notamment été saisis au siège de la société "pour vérifier la réalité de ces allégations" et "préciser l'incidence de cette fuite si elle a existé".
Quant au chauffeur du bus, âgé de 48 ans et dont la garde à vue a été levée jeudi soir, "aucune charge" n'a été retenue contre lui.
"Il n'a vu qu'au dernier moment la ridelle ouverte quand il croisait le camion", selon la procureur, qui a rappelé qu'au moment de l'accident, à 07H15, "il bruinait, il faisait nuit".
"L'impact a stoppé net le bus, qui a juste continué à avancer avec la force d'inertie. Le conducteur s'est levé, il s'est occupé des victimes, a ouvert les portes", a-t-elle précisé. Constatant que de la fumée sortait de l'arrière du bus, "il a utilisé l'extincteur empêchant peut-être un incendie", a encore dit la magistrate.
- Corps remis aux familles ce week-end -
Les six adolescents, des garçons âgés de 15 à 18 ans, ont été tués jeudi matin dans l'autocar qui assurait la liaison entre Oléron et Surgères.
L'identification définitive "par comparaison ADN" des six jeunes, dont les corps ont été transportés à l'institut médico-légal de Poitiers après le drame, s'est achevée vendredi. Les dépouilles pourraient être remises aux familles "durant le week-end", selon la procureur.
Parallèlement, les cours ont été assurés au lycée professionnel de Surgères, où étaient scolarisés cinq des adolescents décédés. Une cellule psychologique a été mise en place pour les élèves.
Le drame a bouleversé Rochefort, ville de 25.000 habitants. Près de 200 personnes s'étaient rassemblées jeudi soir dans une chapelle ardente dressée dans le gymnase, non loin du lieu du drame, où des tables symboliquement recouvertes d'un drap blanc recevaient fleurs et bougies. Sur l'une d'elles, un message: "A peine lancés, tout s'arrête pour vous".
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