A l'issue d'intenses négociations, les Etats-Unis, la Russie et leurs principaux alliés dans ce dossier sont tombés d'accord dans la nuit de jeudi à vendredi sur une trêve qui, si elle se concrétise, constituera une première étape pour faire taire les armes depuis le début en 2011 du conflit qui a déjà fait 260.000 morts.
"Nous avons convenu d'une cessation des hostilités dans tout le pays dans un délai d'une semaine", a annoncé le chef de la diplomatie américaine John Kerry à l'issue d'une réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG) à Munich (sud de l'Allemagne).
Les parties ont aussi convenu d'intensifier dès les prochains jours l'aide humanitaire vers les villes assiégées par le régime de Damas ou le groupe Etat islamique (EI), par voie terrestre ou aérienne.
Mais pour les Occidentaux, les Russes, principaux soutiens du régime de Bachar al-Assad dans son offensive militaire contre les rebelles, doivent désormais montrer l'exemple dans la mise en oeuvre de l'accord.
"Les mots doivent être suivis de faits (..) et c'est à la Russie que revient la principale responsabilité" dans ce domaine, a insisté une porte-parole du gouvernement allemand, Christine Wirtz.
"Nous avons à présent la possibilité de sauver ce processus mais nous attendons dans le même temps que la période jusqu'à un cessez-le-feu ne soit pas utilisée pour un accentuation des bombardements", a-t-elle martelé en référence aux frappes russes qui visent actuellement le bastion rebelle d'Alep.
Par ailleurs, la trêve exclut les groupes jihadistes tels l'EI et al-Nosra - branche locale d'al-Qaïda - et donc l'arrêt des bombardements contre ces groupes.
"Nous continuerons, de même que la coalition conduite par les Etats-Unis, à les combattre", a souligné le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
La coalition emmenée par les Etats-Unis mène depuis 2014 des raids aériens contre l'EI, essentiellement dans l'est du pays. Les Russes concentrent de leur côté leurs bombardements sur la partie ouest du pays, en appui direct à Bachar al-Assad.
- Aller de l'avant -
Les Occidentaux leur reprochent depuis des mois de frapper sans discrimination groupes extrémistes et rebelles modérés, susceptibles de s'asseoir à la table des négociations, et craignent que cela ne continue malgré l'accord de Munich, les Russes classant de nombreux groupes sous la même étiquette "terroriste".
"Al-Nosra est actif à Alep et plusieurs groupes ont des liens avec cette organisation. C'est un feu vert donné aux Russes pour poursuivre leurs actions militaires tout en faisant semblant de respecter l'accord", anticipe Julien Barnes-Dacey, expert à l'European Council on Foreign Relations.
Prudent, Mazen Darwich, un défenseur des droits de l'Homme emprisonné pendant trois ans par le régime, a relevé que "tous les efforts étaient bienvenus" mais appelé à bien "évaluer sur le terrain" le bon vouloir de Moscou.
Pour la Turquie, vers laquelle se pressent les civils fuyant les bombardements, l'accord de Munich est un "pas important sur la route d'une solution à la crise syrienne". Il convient désormais de "stopper les frappes aériennes" et de fournir un "accès aux humanitaires", a toutefois insisté le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.
Les 17 pays membres du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG) doivent se réunir dès vendredi à 16H00 (15H00 GMT) à Genève pour mettre en oeuvre le volet humanitaire de l'accord.
Les négociations intersyriennes, suspendues début février en pleine offensive du régime appuyée par l'aviation russe sur Alep (nord), doivent par ailleurs "reprendre dès que possible", a insisté John Kerry à Munich.
Ces négociations doivent avoir lieu "sans ultimatums et préconditions", a souligné de son côté Sergueï Lavrov.
Moscou refuse notamment de faire du départ de Bachar al-Assad un préalable alors que les Occidentaux continuent d'affirmer qu'avec lui une solution durable en Syrie est impossible.
L'opposition syrienne réclame des signes concrets humanitaires et l'arrêt des bombardements avant de reprendre ces négociations reportées pour le moment au 25 février.
Pour Alexeï Malachenko, expert au centre d'études Carnegie de Moscou, "toutes les parties prenantes au conflit se trouvent actuellement dans une impasse absolue. Tous ont compris qu'il est temps de s'arrêter".
"La Russie avait appelé tout le monde à s'asseoir à la table des négociations tout en continuant à bombarder l'un des participants. Cela ne menait nul part et les Russes l'ont compris", estime-t-il.
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