Ce 8 mars 2014, 239 passagers et membres d'équipage avaient pris place à Kuala Lumpur dans le Boeing 777 de la Malaysia Airlines à destination de Pékin, dont quatre proches de Ghyslain Wattrelos: son épouse Laurence, 51 ans, sa fille de 13 ans, son fils de 17 ans, et la petite amie de celui-ci, qui avait le même âge.
Les magistrats instructeurs français se sont rendus en Malaisie en décembre, parmi une délégation de douze personnes, d'où ils sont "revenus avec beaucoup de documentation", a expliqué à l'AFP Ghyslain Wattrelos qui a toujours émis des doutes sur la thèse de l'accident et "attend désormais que la justice française +challenge+ l'enquête malaisienne".
Selon lui, les enquêteurs français doivent travailler sur la vidéo montrant l'entrée des voyageurs dans l'avion: "il faut vérifier le nombre de personnes qui rentrent. Cela correspond-il au nombre de passagers? Sont-elles les personnes indiquées sur les passeports?", a-t-il demandé. Autre demande: la communication par les Malaisiens de données recueillies par leurs radars militaires, ainsi que celles d'Inmarsat.
Selon les éléments recueillis par l'enquête dont l'AFP a eu connaissance, l'avion a disparu des écrans au-dessus du sud du Vietnam, trois minutes après un ultime contact avec Kuala Lumpur, à 01H19. Un membre de l'équipage clôt l'échange par un "bonne nuit", rapporte une source proche de l'enquête française. A 01H38, le contrôle de Ho Chi Minh Ville s'inquiète auprès de Kuala Lumpur de l'absence de contact radio avec le MH370. Il semble faire demi-tour vers la Malaisie. Et, comme le rappelle une source proche de l'enquête française, "l'avion (a) continué à voler pendant quatre heures après son dernier contact radar civil."
- "Epuisement du carburant" -
Dès le premier rapport de synthèse de l'enquête française rédigé en mai 2014, les deux pistes, celle de l'acte volontaire et celle de l'accident, sont envisagées.
A l'appui de la première, "la disparition soudaine de l'image de l'avion" sans appel de détresse préalable et "l'embarquement de passagers sous de fausses identité également", selon ce rapport consulté par l'AFP. Les hypothèses de trajectoires "permettent d'accréditer l'affirmation que l'aéronef a été piloté tout le temps".
Mais même si l'avion a continué de voler après sa disparition, l'accident "reste possible car par le passé, plusieurs appareils ont continué à voler de nombreuses heures jusqu'à épuisement du carburant", relève l'auteur de ce document.
C'est pour connaître la trajectoire de l'avion dans ces heures de vol en silence, que des données de radars militaires pourraient être utiles.
L'enquête malaisienne n'a pas permis de trouver d'élément permettant de suspecter le pilote ou le copilote, rapporte une source proche de l'enquête française. Les Malaisiens ont même fouillé dans la mémoire d'un jeu de simulation de vol du commandant de bord, pour voir s'il ne se serait pas entraîné à des manoeuvres suspectes.
Parmi les passagers, ils se sont intéressés à un Ouïghour, minorité musulmane chinoise, mais il s'agit d'un artiste qui semble ne pas être suspect, poursuit cette source.
Deux Iraniens de 29 ans et de 18 ans, voyageant avec de faux passeports, ont fait l'objet de vérifications. Selon des renseignements fournis par Interpol, l'un entendait rejoindre en Allemagne, avec un faux passeport, sa mère et son jeune frère, qui y demandaient l'asile. Il serait entré légalement en Malaisie, y serait resté une semaine environ, le temps de trouver un faux document et aurait prévenu ses proches de venir le chercher à l'aéroport de Francfort au terme de son voyage depuis Kuala Lumpur via Pékin et Amsterdam, a détaillé la source.
Quant à l'autre, il aurait également prévenu des proches, à Göteborg en Suède cette fois, de son intention de rejoindre l'Europe. Mais pour Ghyslain Wattrelos, des vérifications plus poussées sur ces deux hommes s'imposent.
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