L'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault à la tête de la diplomatie française pour succéder à Laurent Fabius, nommé mercredi à la présidence du Conseil constitutionnel, constitue une première sous la Ve République. Jamais encore un chef du gouvernement n'était revenu depuis 1958 au gouvernement avec un "simple" portefeuille sous la même présidence.
L'ancien Premier ministre germanophone est "un homme expérimenté qui a une grande connaissance des questions européennes et du couple franco-allemand", souligne-t-on cependant à l'Elysée où l'on estime que "son expérience en la matière sera capitale".
L'autre fait marquant de ce remaniement est le retour des écologistes au gouvernement dont ils avaient claqué la porte lorsque Manuel Valls avait été nommé Premier ministre en mars 2014. Comme attendu, ce retour s'accompagne d'un équilibre subtil entre le "canal historique" d'Europe Ecologie-Les Verts incarné par la patronne du parti Emmanuelle Cosse, nommée ministre du Logement, et ceux qui ont claqué la porte du parti.
L'ambitieux sénateur Jean-Vincent Placé devient secrétaire d'Etat chargé de la Réforme de l'Etat et de la Simplification tandis que Barbara Pompili s'empare du secrétariat d'Etat à la Biodiversité.
"Cette volonté d'élargissement a été conciliée avec une volonté de cohérence et de solidarité essentielle à l'action de ce gouvernement et à son efficacité", fait-on valoir à l'Elysée où l'on souligne également une volonté d'"allier expérience et renouvellement".
Loin d'être resserré, le gouvernement compte désormais, outre le Premier ministre Manuel Valls, maintenu sans surprise dans ses fonctions, 38 membres contre 32 dans l'équipe sortante. La parité, mise à mal par le départ de Christiane Taubira, est par ailleurs de nouveau "parfaitement" respectée, dixit l'entourage du président, avec autant de femmes que d'hommes.
- 'Séquence politique très intense' -
Seule entorse à cette parité : l'absence de femme à la tête des quatre ministères régaliens conduits par Jean-Jacques Urvoas qui a succédé fin janvier à Mme Taubira à la Chancellerie, Bernard Cazeneuve à l'Intérieur, Jean-Marc Ayrault aux Affaires étrangères et Jean-Yves Le Drian qui reste à la Défense.
Le maintien de ce dernier "à ce poste essentiel pour la sécurité des Français" après les attentats de 2015 l'a emporté, selon l'Elysée, sur toute autre considération et notamment le cumul de ces fonctions avec celles de président de la région Bretagne, entorse à la charte de déontologie signée par les membres du gouvernement.
A noter aussi que le Droit des Femmes qui n'était jusqu'à présent qu'un secrétariat d'Etat devient un ministère de plein exercice. Quant à Ségolène Royal, que certains donnaient au Quai d'Orsay, elle reste à l'Ecologie mais élargit le périmètre de ses responsabilités aux relations internationales sur le climat qui relevaient jusqu'à présent des Affaires étrangères.
Si la sortie de Sylvia Pinel était programmée --elle entendait rejoindre la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées où elle a été élue première vice-présidente-- l'éviction de Fleur Pellerin est une surprise de taille. Elle se verra donc remplacer au ministère de la Culture et de la Communicaton par Audrey Azoulay, conseillère pour la Culture et la Communication au cabinet du chef de l'Etat depuis juin 2014.
Autre départ envisagé et confirmé, celui de Marylise Lebranchu du ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique, désormais divisé.
Du côté des radicaux de gauche, la sortie de Sylvia Pinel est compensée par l'arrivée du patron du parti, Jean-Michel Baylet qui hérite d'un ministère de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales.
Une nouveauté aussi dans ce gouvernement Valls 3, la création d'un secrétariat d'Etat à l'Aide aux victimes confié à Juliette Méadel, avocate et qui figurait jusqu'à présent parmi les porte-parole du PS. Elle sera tout particulièrement chargée de suivre les dossiers des victimes des attentats de 2015.
François Hollande sera dès 20 heures en direct de l'Elysée dans les JT de 20 heures de TF1 et de France 2 pour "s'expliquer, répondre aux questions et dialoguer avec les Français à travers les journaslistes après une séquence politique très intense" dans la foulée de ce remaniement et au lendemain du vote à l'Assemblée de la révision constitutionnelle, selon son entourage.
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