Les deux hommes, Muwafaka Alabash et Asem Alfrhad, sont accusés de "trafic d'immigrants" et de "négligences délibérées" qui ont entraîné la mort de cinq des passagers du bateau, dont le petit Aylan, alors âgé de 3 ans, sa mère et son frère de 5 ans, a précisé l'agence de presse Dogan.
Ils risquent trente-cinq ans d'emprisonnement.
Le père de la petite victime était lui aussi poursuivi devant le même tribunal de Bodrum (sud-ouest) pour avoir "utilisé" le bateau qui a coulé, selon Dogan. Les juges ont toutefois décidé jeudi d'abandonner les accusations lancées contre lui.
Absent de l'audience, Abdullah Kurdi, qui vit une partie de l'année au Kurdistan irakien, a été accusé juste après le drame d'avoir lui-même organisé la traversée clandestine de la mer Egée qui a viré au drame. M. Kurdi a toujours nié ces allégations. Invité régulier des médias depuis la catastrophe, il avait exhorté en décembre "le monde entier à ouvrir ses portes aux Syriens".
Dès le début de leur procès jeudi, les deux passeurs présumés ont nié toute responsabilité dans le naufrage et pointé du doigt celle du père d'Aylan. "Le vrai criminel, l'organisateur, c'est Abdullah Kurdi qui est devenu un héros à la télévision mais n'est même pas venu témoigner", a lancé l'accusé Asem Alfrhad.
Le procès a été ajourné à une date non précisée.
Le 2 septembre dernier, une embarcation surchargée de réfugiés syriens avait chaviré au large de la station balnéaire huppée turque de Bodrum alors qu'elle tentait de rallier l'île grecque de Kos. Douze d'entre eux avaient trouvé la mort.
Les images du corps sans vie du petit Aylan, retrouvé quelques heures plus tard gisant sur une plage, ont fait le tour du monde et suscité une vague d'indignation planétaire qui a contraint l'Union européenne à entrouvrir ses portes aux migrants, pour la plupart des réfugiés venus de Syrie et d'Irak en guerre.
Ankara et Bruxelles ont signé fin novembre un "plan d'action" qui prévoit une aide européenne de 3 milliards d'euros aux autorités turques en échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs.
Cet accord n'a toutefois pas réussi à enrayer de façon significative les départs de migrants vers la Grèce.
La Turquie, qui accueille officiellement quelque 2,7 millions de Syriens et 300.000 Irakiens qui ont fui leur pays en guerre, est devenue l'un des principaux points de départ des migrants qui veulent s'installer en Europe.
Plus de 850.000 sont entrés en Grèce depuis la Turquie en 2015.
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