"Il n'est pas inscrit +idiot+ sur notre front. Ne croyez pas que les avions et les bus sont ici pour rien. Notre patience à des limites. Nous ferons le nécessaire", a lancé Recep Tayyip Erdogan visiblement énervé lors d'un discours prononcé à Ankara.
Peu après cette intervention du leader turc dénonçant vivement les appels de l'ONU et de l'UE laisser entrer en Turquie les réfugiés syriens qui ont fui la bataille d'Alep (nord de la Syrie), à Bruxelles le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a annoncé qu'un groupement naval allié sous commandement allemand allait se rendre "sans tarder" en mer Egée pour "aider à lutter contre le trafic humain" des passeurs de migrants.
Cette initiative était réclamée par la Grèce et la Turquie, deux pays séparés par l'Egée, l'une des principales routes empruntées par les migrants pour entrer en Europe, parfois au péril de leur vie.
Si une telle opération de surveillance frontalière voyait le jour, ce serait une première pour l'Otan, organisation militaire défensive qui avait jusqu'à ce jour refusé de s'impliquer directement dans la pire crise migratoire en Europe depuis 1945.
Le chef de l'Etat turc a en outre confirmé la réalité d'un marchandage controversé qui a fuité dans la presse entre lui, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président du Conseil européen, Donald Tusk sur le sort des migrants où M. Erdogan menace d?inonder les pays européens de migrants si son pays ne reçoit pas une somme satisfaisante pour les héberger sur son sol.
- "Nous dirons + au revoir + aux migrants" -
"Je suis fier de l'avoir dit. Nous avons défendu les droits de la Turquie et des réfugiés (...) Nous leur (Européens) avons dit: désolés, nous ouvrirons les portes et dirons +au revoir+" aux migrants, a-t-il précisé.
Cette conversation qui s'est tenue en novembre dernier en marge du sommet du G-20 à Antalya (sud de la Turquie) a été rapportée par le site grec Euro2day qui a fait état de "menaces brutales" de l'homme fort de Turquie à l'encontre des Européens.
Selon le site, M. Erdogan juge "modique" la somme de 3 milliards d'euros proposés par l'UE et rappelle alors que son pays a dépensé 8 milliards d'euros, rien que pour les camps de réfugiés.
L'UE a approuvé le 3 février les modalités du financement d'un fonds d'aide de trois milliards d'euros destiné aux 2,7 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie, promis en contrepartie de l'aide d'Ankara pour freiner les flux migratoires vers l'Europe.
Depuis dix jours en Syrie, les forces pro-régime, appuyées par des bombardements aériens russes, ont lancé une offensive majeure contre les rebelles dans la province d'Alep au moment même où l'ONU tentait de démarrer à Genève des discussions de paix intersyriennes.
L'offensive a fait 500 morts, dont une centaine de civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), et des dizaines de milliers de personnes fuyant les bombes se massent depuis dans des conditions éprouvantes au poste-frontière turc d'Öncüpinar (province turque de Kilis, sud) fermé.
La Turquie épaulé par des ONG a préféré aider les réfugiés en territoire syrien, leur envoyant quotidiennement des tonnes d'assistance humanitaire, ne laissant entrer que les plus malades.
"Nous nous préparons au pire", a réaffirmé jeudi le président turc qui dit s'attendre à voir jusqu'à 600.000 civils se masser aux portes de la Turquie si l'offensive contre Alep ne prenait pas fin.
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