L'embellie de la veille a donc été étouffée dans l'oeuf par des places financières qui n'en finissent plus de broyer du noir depuis le début de l'année.
La sinistrose, générale en Europe, a également touché Wall Street qui a ouvert en net recul, le Dow Jones perdant 0,88% et le Nasdaq 1,49%.
Au même moment Paris perdait 3,14%, Francfort 2,07%, Londres 1,83%, Milan 4,88% et Madrid 3,93%.
Les marchés asiatiques avaient aussi vu rouge et clôturé massivement en baisse dans la matinée.
"Après une journée de respiration, les marchés sont de nouveau sur le gril jeudi. Et le baromètre de la prise de risque est au plus bas", résume Jasper Lawler, un analyste de CMC Markets.
"Le répit a été de courte durée sur des marchés inquiets et fragiles, où les valeurs bancaires continuent à être secouées, et les investisseurs se réfugient vers les actifs les plus sûrs ", observe également Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis.
Les banques, qui cristallisent les peurs depuis quelques jours, étaient en effet en première ligne du décrochage, au point que plusieurs journaux allemands parlaient de "tremblement de terre bancaire".
Vers 15H30 GMT, la Française Société Générale reculait de 10,65%, l'Italienne BMPS de 8,63%, l'Espagnole Santander de 5,54%. En Allemagne, Deutsche Bank, première banque allemande, qui avait été contrainte de publier un communiqué pour rassurer sur sa solvabilité s'enfonçait de nouveau, de 6,17%. A Londres, Barclays perdait 5,91%.
"Pourtant les banques ne sont pas du tout dans une situation similaire à celle de 2007, avec du stress en termes de liquidité et de solvabilité", souligne M. Robin.
Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, est d'ailleurs monté au créneau en début d'après-midi en affirmant que la zone euro et ses banques étaient structurellement dans une "bien meilleure situation" qu'il y a quelques années.
Juste avant, le patron de la Société Générale, Frédéric Oudéa, a fait la même chose en assurant que les turbulences subies par les valeurs bancaires s'expliquaient par une "surréaction" des marchés boursiers.
- plus de lapin dans le chapeau -
Les cours du pétrole, autre sujet majeur de préoccupation des marchés,continuaient de se rapprocher de leurs plus bas niveaux depuis 2003, alourdissant encore un peu plus l'ambiance générale.
Corollaire logique de l'aversion totale des investisseurs pour le risque, les valeurs refuges étaient très recherchées.
L'or passait ainsi au-dessus des 1.200 dollars.
Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne, le fameux "Bund", se détendait fortement et évoluait désormais sous les 0,2%. A l'inverse, les dettes des pays du sud de l'Europe étaient sous pression, Grèce et Portugal en tête.
Pour Christopher Dembik, un économiste de Saxo Banque, "le coeur du problème, c'est le décalage entre les attentes des marchés en début d'année et la réalité des chiffres. Tout le monde croyait que l'année 2016 serait celle de la reprise mais, dès les premiers jours de janvier, la Banque mondiale, puis le FMI, ont revu nettement à la baisse leurs prévisions de croissance pour l'année en cours".
"Fondamentalement, le contexte n'est pas très différent" avec un "ralentissement chinois connu depuis 2009, une incurie du système bancaire italien et la nécessité d'une +bad bank+ pour le purger depuis 2012", développe-t-il.
Selon lui, "désormais la panique est auto-entretenue et les marchés ne font plus guère attention aux fondamentaux".
Si les marchés sont aussi désorientés depuis le début de l'année, c'est aussi parce que les banques centrales peinent de plus en plus à rassurer.
"Seule une action des banques centrales pourrait encore rassurer, mais elles disposent de moins en moins d'instruments pour surprendre les investisseurs", analyse M. Dembik.
La Réserve fédérale américaine est en position de statu quo, poursuit-il, faisant reposer la pression sur la Banque centrale européenne, or son président, "Mario Draghi, n'a plus de lapin à sortir de son chapeau afin de rassurer donc la baisse actuelle pourrait encore durer longtemps et potentiellement se transformer en nouvelle crise".
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