Poursuivi pour contestation de crime contre l'Humanité, l'ex-président du parti d'extrême droite a invoqué par la voix de son avocat son immunité de député européen.
Il a déjà été condamné à deux reprises, au civil, par la justice française pour ces propos, tenus pour la première fois en 1987.
Condamnés par sa fille Marine qui lui a succédé à la tête du FN, ces propos, entre autres, avaient entraîné la suspension - ensuite annulée par la justice - de Jean-Marie Le Pen du parti qu'il a longtemps incarné, puis son exclusion.
Le 2 avril 2015, au journaliste Jean-Jacques Bourdin qui lui demandait s'il regrettait d'avoir qualifié les chambres à gaz de "détail", Jean-Marie Le Pen avait répondu: "Pas du tout. Ce que j'ai dit correspondait à ma pensée que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la guerre, à moins d'admettre que ce soit la guerre qui soit un détail des chambres à gaz".
Le journaliste l'avait alors relancé, demandant si "des millions de morts" pouvaient être qualifiés de "point de détail". "C'est pas un million de morts, c'est les chambres à gaz", "moi je parle de choses précises. Je n'ai pas parlé de nombre de morts. J'ai parlé d'un système. J'ai dit que c'était un détail de l'histoire de la guerre", avait insisté l'ancien leader frontiste, 87 ans.
Propos "insupportables", a dénoncé Isabelle Choko, survivante à 15 ans d'Auschwitz, dont presque toute la famille a été assassinée dans le camp d'extermination nazi. "J'espérais qu'il arrêterait en vieillissant", "qu'il devienne un homme, un être humain", a-t-elle témoigné à la barre, ajoutant qu'elle a "toujours l'espoir".
- "Mépris pour les victimes" -
Parmi les avocats des associations parties civiles, Mario Pierre Stasi, pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), s'en est pris au "vieux délinquant" qu'est selon lui Jean-Marie Le Pen. Il notamment demandé au tribunal d'ordonner la publication d'un communiqué judiciaire sur le compte Twitter du cofondateur du FN. Et a égratigné au passage Jean-Jacques Bourdin qui selon lui "va chercher le délit".
Pour son confrère Stéphane Lilti, pour l'Union des étudiants juifs de France, Jean-Marie Le Pen a "prémédité cette provocation". Et ce à des "fins bassement politiques", pour entraver "l'entreprise de toilettage" engagée par sa fille Marine, qui s'efforce de "planquer sous le tapis les pétainistes, les néonazis" qui "constituaient la base du Front national".
La procureure Anne Coquet s'en est quant à elle prise au "négationniste récidiviste" qu'est Jean-Marie Le Pen, qui, plein de "mépris pour les victimes", vient "minimiser" et "banaliser" les chambres à gaz.
En début d'audience, Me François Wagner, mandaté par Jean-Marie Le Pen pour plaider sur ce seul point, a invoqué l'immunité parlementaire de son client, dont le parquet aurait dû, selon lui, demander la levée avant le procès.
Argument rejeté par les parties civiles et le parquet, qui a rétorqué que cette immunité ne pouvait être opposée que face à des mesures coercitives et que les propos poursuivis sont indépendants de la qualité de parlementaire du prévenu.
Pour la magistrate, le cofondateur du parti d'extrême droite a "fait le choix de se poser en victime" et de "ne pas répondre de ses propos face au tribunal". Tribunal devant lequel il vient "parfois" quand c'est lui qui poursuit, mais "jamais lorsqu'il est prévenu".
"Sous peine" d'avoir l'air de participer à un "système dictatorial", a ironisé la présidente, le tribunal avait choisi d'examiner néanmoins le fond du dossier. Il rendra sa décision sur le tout le 6 avril.
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