L'épais document, qui se heurtera à l'opposition frontale des deux chambres du Congrès contrôlées par les républicains, n'aura qu'une portée législative limitée. Mais le président américain espère l'utiliser pour afficher, une dernière fois, ses priorités, du climat à l'éducation.
La présentation du budget 2017 de quelque 4.000 milliards de dollars tombe le jour même de la primaire cruciale du New Hampshire, où la dizaine de candidats à sa succession s'affrontent avec l'espoir d'être présents lors de la présidentielle du 8 novembre.
Pour mieux marquer son profond désaccord avec le président démocrate en fin de mandat, le Congrès a d'ores et déjà annoncé qu'il n'organiserait même pas la traditionnelle audition destinée à examiner les propositions de l'exécutif.
Mike Enzi, président républicain de la Commission budgétaire du Sénat, a ironisé sur un catalogue de "nouvelles propositions de dépenses" qui passent selon lui à côté du sujet principal: la dette. Les démocrates ont dénoncé une décision "insultante" et "méprisante".
Proposition de loin la plus audacieuse dans un pays où la question de l'énergie est ultra-sensible: créer une taxe de 10 dollars par baril de pétrole qui permettrait de financer un vaste plan d'investissements dans les transports "propres", avec en particulier le développement de lignes à grande vitesse.
Mise en place sur cinq ans, cette taxe, qui serait payée par les groupes pétroliers mais se répercuterait évidemment à la pompe, aurait comme objectif affiché d'encourager le secteur privé à investir pour réduire la dépendance aux hydrocarbures.
- 'Une idée horrible' -
"Il est important de mettre à profit cette période où les prix du pétroles sont bas pour accélérer la transition énergétique", a expliqué M. Obama, soulignant que cela permettrait d'être dans "une position beaucoup plus forte dans 10, 15 ou 20 ans".
Les associations de défense de l'environnement ont salué l'amorce d'un débat salutaire. Mais l'accueil fut glacial dans le camp républicain. Pour Kevin Brady, président de la Commission chargée des impôts à la Chambre des représentants, c'est juste "une idée horrible" et "une énorme perte de temps".
Autre proposition qui devrait rester lettre morte étant donné le calendrier politique: consacrer quatre milliards de dollars sur trois ans à un projet baptisé "Informatique pour tous" afin de renforcer cet enseignement dans les écoles publiques américaines.
D'autres pistes, comme une augmentation des moyens pour la lutte contre la cybercriminalité ou un plan de lutte contre l'addiction à l'héroïne, pourraient s'avérer plus consensuelles.
La Maison Blanche veut aussi donner un coup d'accélérateur à la lutte contre le cancer avec une enveloppe de départ d'un milliard de dollars. L'initiative, baptisée "Moonshot" en référence au programme Apollo de conquête de la Lune, vise à aider les cancérologues à avoir un accès plus rapide à la recherche de pointe.
Sur le front militaire, le Pentagone prévoit d'augmenter de 50% le budget destiné à financer la lutte contre le groupe Etat islamique en 2017, à 7,5 milliards de dollars. Le budget prévoit également de quadrupler, à 3,4 milliards de dollars, l'enveloppe consacrée au renforcement des forces américaines en Europe pour dissuader "l'agression" russe.
Près des deux tiers des dépenses budgétaires sont classées "obligatoires", car elles concernent les mastodontes que sont les programmes publics de retraite (Social Security) ou d'assurance maladie pour les plus de 65 ans (Medicare), ou encore le service de la dette.
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