Annoncée par une explosion de feux d'artifices et des centaines de percussions, l'école de samba Vila Isabel et ses milliers de danseurs a été la première des six à entrer sur la piste de 700 m du sambodrome.
Dans la nuit de dimanche, six autres écoles avaient déjà défilé dans une débauche de couleurs et de plumes et sur de gigantesques chars devant 70.000 spectateurs.
Beaucoup se sont enduits de crème anti-moustique, mais pas tous, pour la fête qui sert de véritable soupape d'échappement aux crises sanitaire, économique et politique qui frappent les Brésiliens.
"Dans la course pour me préparer j'ai oublié de mettre du répulsif, mais j'en mets tout le temps d'habitude", déclare Karen Vega à l'AFP peu avant de défiler.
"Avec ce costume si grand, le moustique ne pourra pas me piquer", dit quant à lui en souriant Ronald Romero, 44 ans, dans une gigantesque tunique toute décorée.
Sans attendre ces deux nuits d'apothéose du carnaval, les fêtards ont pris d'assaut les rues depuis 15 jours pour s'amuser dans les "blocos" (défilés de rue).
Le plus traditionnel, le Bola Preta, a rassemblé samedi un million de personnes malgré la découverte du virus actif du Zika, transmis par le moustique Aedes Aegypti, dans la salive, l'urine, le sang et le sperme de quelques malades, autant de possibles nouveaux modes de contagion.
Le virus est surtout dangereux pour les femmes enceintes car soupçonné d'être responsable de l'explosion de cas de microcéphalies chez des nourrissons.
Si rien n'arrête les fêtards, les autorités sanitaires restent vigilantes.
- Les touristes sont bien là -
Entre chaque défilé, l'armée de balayeurs municipaux qui nettoie la piste du sambodrome pour le passage de la prochaine école arbore un T-shirt à l'effigie du moustique Aedes Aegyti où il est écrit "10 mn sauve des vies", pour inciter les habitants à prendre 10 minutes par semaine pour éliminer les possibles foyers de prolifération du moustique chez eux.
Il n'y a pas eu d'annulation dans le réseau hôtelier pour le carnaval par crainte du Zika, assure le secrétaire municipal au Tourisme Antonio Pedro Figueira de Mello : "l'occupation est de 90%", même si de nombreux pays ont recommandé aux femmes enceintes d'éviter de se rendre au Brésil et autres pays touchés.
Dimanche, 11 navires transatlantiques sont arrivés avec 70.000 personnes, un record.
Un million de touristes sont attendus pour le carnaval dans la ville, hôte des jeux Olympiques en août. Ils injecteront trois milliards de réais (750 millions d'euros) dans l'économie locale.
Les autorités ont fait campagne pour que des répulsifs, dont les ventes ont explosé dans le pays, soient mis en vente dans les hôtels.
C'est l?école de samba Mangueira, avec un hommage à la chanteuse Maria Bethânia, originaire de Bahia et adepte du Candomblé (culte afro-brésilien), qui clôturera les défilés à l'aube mardi.
- Douze candidats au titre -
Et, pour la première fois dans l'histoire du carnaval, 40 enfants réfugiés au Brésil, de sept pays dont la Syrie, Palestine, Libye et le Soudan, de l'école de samba infantile de Mangueira, prendront le relais dans la matinée pour défiler sur le sambodrome.
Mangueira sera précédée par ses rivales Vila Isabel, Salgueiro, avec un hommage au "malandro" (voyou de Rio), Sao Clemente, qui a choisi le cirque comme thème, Portela et Imperatriz, qui mettra à l'honneur la musique country brésilienne.
Chaque école comprend 3.500 à 4.500 danseurs, pour beaucoup issus des favelas, et dépense jusqu?à quatre millions d'euros pour l'événement. Ces défilés, autrefois largement financés par la mafia des jeux clandestins, sont de plus en plus parrainés par de grandes marques.
Mais cette année, avec la récession, les sponsors ont souvent fait défaut et les écoles ont dû économiser.
Un jury de 40 membres est chargé de tout noter : les costumes extravagants, les percussions, les chars monumentaux, les danseuses. La "championne du carnaval 2016", parmi les 12 écoles de la première division, sera connue mercredi.
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