Vers 13H00, alors qu'une soixantaine de sympathisants du général quatre étoiles arborait fièrement insignes militaires et bérets rouges sur les marches du tribunal, la nouvelle est tombée: en raison d'un état de santé "incompatible avec une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel", selon le parquet, le procès de Christian Piquemal était repoussé.
L'ex-patron de la légion étrangère de 1995 à 1999, qui n'est plus en service actif, avait participé, mégaphone à la main, à un rassemblement anti migrants à Calais samedi, qui avait attiré une centaine de personnes devant la gare de Calais, "des militants d'ultra droite", selon la préfecture du Pas-de-Calais.
Une initiative de Pegida, un mouvement d'extrême droite né en Allemagne fin 2014 "contre l'islamisation de l'Occident".
Elle avait été prise d'autant plus au sérieux par les autorités que, deux semaines plus tôt, une manif pro-migrants, suivie d'une contre-manif le lendemain, avait dégénéré avec la montée sauvage de migrants à bord d'un ferry. Sans compter que circule sous le manteau un appel, dont l'AFP a eu connaissance, à un rassemblement anti-migrants venant de personnes se présentant comme "anciens militaires d'Opex" (Opérations extérieures, NDLR)
A peine connue la décision du tribunal, les avocats du général de corps d'armée, âgé de 75 ans, ont fustigé les conditions d'arrestation de leur client, qui a passé deux nuits en garde à vue.
"C'est un sacré gaillard, pour autant les conditions de garde à vue sont rudes. C'est naturel qu'il cède au bout de 40-45 heures (....) Le physique a lâché, mais le moral est là et toutes les capacités intellectuelles sont optimales", a affirmé Me Hervé Krych, l'un de ses avocats.
Son autre défenseur, Me Denis Tailly-Eschenlohr, s'est indigné de l'arrestation d'un gradé, le premier général, selon lui, arrêté par les forces de l'ordre depuis Maurice Challe en 1961, l'un des quatre généraux putschistes d'Alger sous De Gaulle.
"Officier exceptionnel", il n'était pas "un leader de Pegida" mais était présent à Calais "à titre personnel", a expliqué l'avocat, ulcéré de ne pas avoir pu rencontrer le général lors de la garde à vue et de n'avoir pas eu accès au dossier.
"Quand dans un pays on arrive à arrêter un général et le traiter de la sorte, c?est que le pays va mal", a décrété Jérôme, ancien militaire.
-"Pour en découdre"-
Vers 16H00, on a appris que le général, qui était hospitalisé à Calais et qui a eu de très nombreux témoignages de soutien venus de l'extrême droite, dont ceux de Marine Le Pen, Robert Ménard ou Gilbert Collard, avait finalement pu quitter l'hôpital. Libre, sans contrôle judiciaire, il doit comparaître le 12 mai.
Si son procès a été reporté, celui de quatre autres personnes arrêtés samedi à Calais, a bien eu lieu, dans une ambiance très tendue.
Ainsi, lorsque le procureur de la République, Jean-Pierre Valensi, a requis une peine de trois mois ferme pour un homme qui avait été retrouvé avec un taser, des hurlements ont surgi.
"Il faut tous vous arrêter! Et les migrants avec des barres de fer, on ne fait rien!", a crié une personne, qui a été exclu par un policier. "Faites venir les CRS!" a même exigé le procureur, avant le retour au calme.
Pour le procureur, aucun doute n'est permis. Les quatre hommes, tous habillés en costume sombre et les cheveux courts, étaient venus à Calais "pour en découdre", alors que le rassemblement "était interdit".
"Heureusement qu'il y a eu l'action de la police" pour éviter de graves heurts, a souligné M. Valensi. Après un bref délibéré, les juges ont condamné deux prévenus à deux et trois mois de prison ferme, un autre à deux mois avec sursis et le dernier devra lui être jugé ultérieurement en raison d'irrégularités lors de la garde à vue.
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