"Il a pu expliquer exactement les conditions dans lesquelles il avait appris cette affaire qui est effectivement d'une gravité indiscutable", a commenté Me Hervé Temime, l'avocat du député-maire Les Républicains de Meaux, entendu par Serge Tournaire sous le statut de témoin assisté.
Selon des sources proches du dossier, Nicolas Sarkozy pourrait être prochainement entendu.
Contraint par cette affaire à la démission de la présidence de l'UMP, devenue LR, Jean-François Copé ressent un "immense soulagement après une longue période où il a été traité d'une manière absolument inqualifiable et où il a été désigné comme un bouc-émissaire facile, un coupable avant l'heure", a déclaré Me Temime.
Les investigations portent notamment sur un système de fausses factures destiné à dissimuler une explosion du plafond légal des dépenses de 22,5 millions d'euros. Ces faux auraient eu pour objet d'imputer à l'UMP 18,5 millions d'euros de dépenses relevant en fait de la campagne.
A la genèse de l'affaire, les soupçons semblaient se concentrer sur les dirigeants de Bygmalion, dont plusieurs sont des proches de Jean-François Copé. Selon les patrons de la société de communication, ce stratagème leur aurait été imposé, faute de quoi leurs prestations n'auraient pas été payées. Ils ont reconnu avoir facturé des conventions UMP fictives pour couvrir des dépenses de meetings.
Jean-François Copé affirme ne jamais avoir eu vent de ce dispositif avant une réunion mi-mai 2014, au lendemain de révélations de Libération. "Abasourdi" et "trahi", il aurait alors compris "la réalité du délit (...) commis derrière (son) dos, à savoir la prise en charge par l'UMP de dépenses de la campagne présidentielle", avait-il dit aux policiers le 28 juillet lors d'une audition libre.
"Si j'avais été informé des pratiques délictuelles qui ont donné lieu à cette affaire, je m'y serais totalement opposé", avait-il assuré.
- Une "farce", selon Sarkozy -
De son côté, Nicolas Sarkozy avait relevé le 4 septembre devant les enquêteurs qu'en 2012, il n'était "plus le dirigeant de l'UMP". "Ce n'est qu'après que j'ai appris que lorsque Jean-François Copé était arrivé à l'UMP, il avait pris la décision de faire entrer Bygmalion", avait déclaré l'ancien chef de l'Etat. Et de glisser: "Partout où est passé Jean-François Copé, il a pris Bygmalion".
Depuis, le dossier a beaucoup évolué: il n'est plus seulement celui des factures Bygmalion mais plus que jamais celui de la campagne. En question notamment, cette ligne "présidentielle" trouvée dans le budget 2012 de l'UMP, qui indique 13,5 millions d'euros de dépenses engagées, alors que trois millions d'euros seulement ont été communiqués dans le compte de campagne. Des factures de trains, de salles de meetings, de tracts, de sondages. Dans ce volet, cinq personnes ont été mises en examen en janvier dont l'ex-directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert.
Fin juillet, Jean-François Copé avait expliqué n'avoir "jamais" abordé avec Nicolas Sarkozy, durant la campagne, la question des finances ou des avertissements lancés par les experts-comptables. "Nous l'entendions souvent nous dire, lors des comités politiques, qu'il entendait multiplier les déplacements sur le terrain", avait-il rapporté aux policiers, comparant la campagne à un "TGV qu'on ne pouvait plus arrêter".
Les deux hommes n'auraient abordé l'affaire qu'une fois que le scandale a éclaté, "le 21 ou le 22 mai 2014 en tête à tête". "Je lui expose tout ce que je viens d'apprendre. Il m'indique pour sa part le découvrir également", avait précisé Jean-François Copé.
Quelques jours plus tard, Jean-François Copé est contraint de quitter la présidence de l'UMP "dans un climat de haine".
Nicolas Sarkozy a qualifié de "farce" cette thèse d'un maquillage comptable.
Cadres de l'UMP, de Bygmalion ou de l'équipe de campagne, treize personnes ont été jusqu'à présent mises en examen.
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