Une semaine après le début de l'offensive du régime de Damas, soutenue par les bombardements de l'aviation russe, plus de 30.000 personnes patientaient depuis plusieurs jours devant le poste-frontière turc d'Oncupinar, dans le froid et des conditions jugées de plus en plus "désespérées" par Médecin sans Frontières (MSF).
Sommé par l'Union européenne (UE) de remplir son devoir d'accueil, le gouvernement islamo-conservateur a jusque-là refusé d'ouvrir son territoire à cette nouvelle vague de déplacés mais s'est dit prêt à le faire "si c'est nécessaire".
"S'ils sont à nos portes et n'ont pas d'autre choix, nous avons le devoir de laisser entrer nos frères et nous le ferons", a assuré le président Recep Tayyip Erdogan.
Avec 2,7 millions de Syriens déjà sur le sol turc, son vice-Premier ministre Numan Kurtulmus a jugé que son pays avait atteint "les limites de sa capacité" d'accueil mais précisé qu'il ouvrirait ses portes aux réfugiés pour ne pas les "abandonner à leur mort".
Sur le terrain, les autorités turques s'efforcent pour l'instant d'accommoder aux mieux les réfugiés sur le sol syrien-même.
Depuis vendredi, les camions de la Fondation pour l'aide humanitaire (IHH), une ONG islamique turque très proche des autorités autorisée avec le Croissant rouge à franchir le no man's land entre les deux pays, ont livré à Bab al-Salama, la localité frontière syrienne, des tonnes de matériel et de nourriture.
"Nos opérations ont pour vocation de prendre soin des gens à l'intérieur du territoire syrien", a expliqué à l'AFP Serkan Nergis, un porte-parole d'IHH.
- 'Faim et froid' -
"Nous avons installé un camp supplémentaire d'une capacité de 10.000 personnes qui vient s'ajouter au huit camps (déjà repartis autour de la ville d'Azaz, à 5 km de la frontière) pour accueillir les nouveaux arrivants", a ajouté M. Nergis.
Ankara réclame depuis des mois, sans succès auprès de ses alliés, la création dans l'extrême nord de la Syrie, d'une "zone de sécurité" pour accueillir les déplacés qui échappent à la guerre en se réfugiant en Turquie.
Malgré les efforts des ONG, les déplacés, surtout des femmes et des enfants, stationnent devant Oncupinar dans une situation précaire.
"Nous avons faim et froid. Les gens dorment dans la rue", a témoigné lundi à l'AFP, Mohamad Rahma, 15 ans. Blessé aux yeux lors d'un bombardement russe sur Azaz il y a un mois, l'adolescent a été l'un des rares Syriens autorisé à entrer en Turquie, avec son père, pour y être soigné.
Le nombre de civils massés autour d'Azaz est estimé à plus de 30.000 mais pourrait atteindre 70.000, selon le gouverneur de la province frontalière turque.
Face à ce nouveau drame humanitaire, les Européens ont pressé la Turquie d'ouvrir ses portes, en accord avec le droit international, en même temps qu'ils l'exhortent à endiguer le flux des migrants qui gagnent son sol depuis les côtes turques.
La chancelière allemande Angela Merkel, en difficulté dans son pays pour y avoir autorisé l'accueil de plus d'un million de migrants l'an dernier, est arrivée lundi à Ankara pour une nouvelle visite éclair consacrée à la crise des migrants.
- Les rebelles menacés -
Son objectif est clair: presser les Turcs d'en faire plus pour ralentir les départs depuis les côtes turques vers la Grèce. Malgré l'accord signé par Bruxelles et Ankara en novembre, leur nombre reste très élevé.
Les Turcs se sont engagés à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs en échange d'une enveloppe de 3 milliards d'euros, votée la semaine dernière par l'UE, dont le contrôle nourrit les tensions entre les deux parties.
En Syrie, les troupes du régime de Bachar al-Assad ont progressé dans le nord de la province d'Alep, soutenues par l'aviation russe.
Elles ne se trouvaient dimanche qu'à 7 km de Tall Rifaat, "un des trois derniers bastions des rebelles dans le nord de la province" avec Azaz et Marea, selon Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Leur objectif consiste à parvenir à la frontière turque "pour empêcher tout passage de rebelles et d'armes à partir de la Turquie", a-t-il précisé.
Une rupture totale des voies d'approvisionnement serait dramatique pour les 350.000 civils présents dans les quartiers d'Alep contrôlés par les rebelles et qui risquent d'être privés de nourriture, d'eau et de fuel, a averti Médecins sans frontières (MSF).
La bataille d'Alep pourrait constituer un tournant dans la guerre syrienne. La chute de la deuxième ville syrienne, divisée depuis 2012, porterait un coup très rude aux rebelles en difficulté sur d'autres fronts.
L'offensive du régime est vivement dénoncée par les pays soutenant les rebelles, dont la Turquie et l'Arabie saoudite, qui envisage de participer à une opération terrestre en Syrie si la coalition antijihadistes conduite par Washington en prend la décision.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.