Arthur Kenneth Elliott, 82 ans, et sa femme âgée de 84 ans avaient été enlevés à Djibo, dans le nord du pays, à la frontière avec le Mali et le Niger, dans la nuit du 15 au 16 janvier lors d'une action apparemment coordonnée.
Cette nuit-là, à Ouagadougou, la capitale burkinabè, des attaques jihadistes contre le café-restaurant Cappuccino, les hôtels Splendid et Yibi et un bar avaient fait 30 morts et 71 blessés. Dans la journée du 15 janvier, une attaque contre des gendarmes avait également fait deux morts à Tin-Akoff, dans le nord.
L'enlèvement du couple australien avait été revendiqué par Ansar Dine, groupe jihadiste de l'ex-chef rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly, au nom de "l'Emirat du Sahara". D'après des spécialistes des milieux islamistes, cette appellation désigne une branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Mme Elliott "a été libérée aujourd'hui (samedi), elle est arrivée sans problème au Niger. Elle a été reçue par le président nigérien Mahamoudou Issoufou", a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie burkinabè Alpha Barry à Ouagadougou.
Le ministre a affirmé qu'"aucune rançon n'a été payée ni de conditions posées" par les ravisseurs avant sa libération. Mme Elliott devait être transférée dimanche ou lundi à Ouagadougou, a ajouté M. Barry.
L'ex-otage, vêtue d'une robe multicolore, regard perdu et visage émacié, est apparue très fatiguée sur les images diffusées dimanche à la télévision nationale nigérienne.
"Je veux les remercier tous, les autorités burkinabè et nigériennes, pour leurs efforts", a-t-elle déclaré à Dosso (sud-est), assise aux côtés du président Issoufou qui y faisait campagne pour la présidentielle du 21 février.
"Depuis la date de leur enlèvement, les autorités du Burkina Faso ont demandé notre coopération en vue d'obtenir la libération du couple, depuis cette date nous avons beaucoup travaillé ensemble et ces efforts ont abouti à un premier résultat, ceux qui ont enlevé le couple ont bien voulu accepter de libérer Jocelyn Elliott", a-t-il expliqué sur la radio nationale.
Le président nigérien n'a pas détaillé les conditions de cette libération ni le lieu exact où elle s'est déroulée.
- "Beaucoup de services" -
Le Niger a déjà participé à des négociations pour la libération d'otages occidentaux détenus par des groupes islamistes, notamment celle du franco-serbe Serge Lazarevic. Enlevé en novembre 2011 dans le nord du Mali, il avait été libéré après plus de trois ans de détention aux mains d'Aqmi.
"J'espère aussi que la libération de son mari sera obtenue", a poursuivi le président Issoufou, ajoutant que le couple "a rendu beaucoup de service à nos populations".
Originaire de Perth, les époux Elliott vivaient au Burkina depuis 1972 et étaient engagés dans des opérations humanitaire en faveur des populations de la province du Soum et celles des pays voisins du Mali et du Niger.
Chirurgien de formation, le Dr Elliot dirigeait une clinique. Le couple était apprécié par les habitants de Djibo qui se sont mobilisés pour demander la libération de "leurs" compatriotes.
"Pour l'instant on sait que son époux est en vie et se porte bien", a précisé M. Barry, ajoutant que d'autres négociations allaient être menées en vue de sa libération. "Nous ferons tout pour le sortir" de sa détention, a-t-il promis.
A Sydney, le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a indiqué que la ministre des Affaires étrangères Julie Bishop avait parlé à Mme Elliott "il y a peu de temps".
Il a remercié "le gouvernement du Niger et le gouvernement du Burkina Faso, où les Elliott vivaient lorsqu'ils ont été enlevés".
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré avait promis le 25 janvier "que tout était mis en oeuvre de concert avec nos pays voisins et amis du Mali et du Niger et nos partenaires étrangers pour les retrouver".
Avant le couple australien, un Roumain, officier de sécurité dans une mine de manganèse du nord du Burkina, avait été enlevé en avril 2015. Le pays avait jusqu'alors été épargné par les rapts d'Occidentaux. Le groupe islamiste Al-Mourabitoune a affirmé en mai dernier retenir l'otage.
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