"Victoire!", a lancé dans l'après-midi le fondateur de WikiLeaks en apparaissant, teint pâle, en cravate, barbichette et cheveux blancs, au balcon de l'ambassade, malgré le rejet par Londres et Stockholm des conclusions de ce comité.
"Comme c'est bon!", a-t-il ajouté, très ému, s'adressant à un petit groupe de sympathisants. Évoquant ses enfants, il a ajouté: "Il est temps qu'ils retrouvent leur père. Cela arrivera, d'une manière ou d'une autre".
Plus tôt dans la journée, Assange avait appelé, lors d'une conférence de presse, la Suède et le Royaume-Uni à "appliquer le verdict" du comité de l'ONU, affirmant que cette décision était "légalement contraignante".
Ce comité a appelé à mettre fin à sa "détention arbitraire" mais les gouvernements britannique et suédois ont immédiatement rejeté cet avis, Londres laissant entendre qu'Assange serait arrêté s'il mettait un pied hors de l'ambassade.
Julian Assange, 44 ans, a été "arbitrairement détenu par la Suède et le Royaume-Uni depuis son arrestation à Londres le 7 décembre 2010", a estimé le groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire, dans des conclusions publiées vendredi à Genève.
-Décision 'ridicule' pour Londres-
Le comité appelle "les autorités suédoises et britanniques" à "mettre fin à sa détention" et à respecter son droit à être "indemnisé".
Ces dernières ont répliqué que cette décision ne changeait rien, ouvrant le débat sur son caractère contraignant ou pas.
"Nous rejetons catégoriquement l'affirmation selon laquelle Julian Assange est victime d'une détention arbitraire", a dit un porte-parole du gouvernement britannique. "Le Royaume-Uni a déjà dit clairement aux Nations unies qu'il contesterait formellement l'opinion de ce groupe de travail".
Considérant que l'Australien, accusé de viol par une Suédoise, est un "fugitif", le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, a jugé "ridicule" l'avis de l'ONU.
Même réaction à Stockholm : "Le gouvernement n'est pas d'accord" avec ce comité, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
Un porte-parole de l'ONU a tempéré : "la décision en elle-même n'est pas contraignante mais elle l'est de façon indirecte", a expliqué à l'AFP Xabier Celaya.
Les Etats "n'ont pas d'obligations à l'égard du groupe de travail, mais ils en ont à l'égard des conventions (...) ils sont liés par leurs propres lois et leurs engagements (...) c'est pourquoi la décision est indirectement contraignante", a-t-il souligné.
Un avocat suédois d'Assange, Thomas Olsson, interrogé par l'AFP, a fait valoir que "si la Suède attend des autres pays qu'ils suivent les recommandations de l'ONU, alors elle doit elle-même respecter ces décisions".
"Nous pouvons demander au parquet de réviser le mandat d'arrêt mais nous allons d'abord leur laisser une chance de montrer qu'ils respectent la décision des Nations unies", a-t-il souligné.
-'Honte à la Grande-Bretagne!'-
Quito a affirmé de son côté qu'Assange était fondé à recouvrer la liberté, estimant que le lanceur d'alerte australien faisait l'objet d'une "persécution politique". "Il est temps que les deux gouvernements (britannique et suédois, ndlr) corrigent leur erreur", a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères Ricardo Patiño.
En attendant que la situation s'éclaircisse, M. Assange s'est gardé de sortir de l'ambassade, devant laquelle journalistes et sympathisants avaient patienté toute la journée dans l'espoir de le voir apparaître.
"Honte à la Grande-Bretagne! Nous demandons que Julian Assange puisse se rendre librement à l'hôpital pour motifs humanitaires", a crié Elsa, keffieh palestinien autour du cou, au mégaphone.
Personnage controversé, défenseur héroïque des libertés pour ses fans, égocentrique en mal d'attention pour ses détracteurs, Julian Assange nie le viol dont on l'accuse.
Les magistrats suédois ont émis contre lui un mandat d'arrêt européen et souhaitent l'entendre à l'ambassade d'Équateur.
Assange refuse en effet de se rendre en Suède de peur d'être extradé vers les États-Unis, où il pourrait se voir reprocher la publication par WikiLeaks, en 2010, de 500.000 documents classés secret défense sur l'Irak et l'Afghanistan et 250.000 communications diplomatiques. La principale source des documents publiés, le soldat américain Bradley Manning (devenu Chelsea), a été condamné à 35 ans de prison pour espionnage
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