Selon la préfecture de police, 140 voitures étaient rassemblées vendredi après-midi place de la Nation dans l'est de la capitale, pour une troisième journée de protestation consécutive, laissant toutefois les automobilistes circuler sur une voie.
La mobilisation se déroulait dans le calme, certains chauffeurs scandant deci delà "on ne va rien lâcher!", a constaté l'AFP.
"On ne peut plus accepter ces événements", a de son côté déclaré le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies, en marge d'un déplacement dans l'Yonne. "(...) le temps est à la discussion et on ne peut pas perturber comme ils le font alors que ce n'est pas un mouvement massif", a-t-il ajouté.
"Nous n'allons rien céder. La mobilisation ne fait que commencer", a assuré plus tôt Joseph François, président de l'association Alternative mobilité transport (AMT) regroupant des sociétés de LOTI (transport collectif à la demande), statut utilisé par certains chauffeurs de VTC et qui est cible des critiques des taxis.
"Nous avons été livrés sur la place publique comme gage de paix sociale avec les taxis. Il n'y aura pas de paix sociale", a ajouté M. François, en réclamant "un moratoire pour donner du temps à M. Grandguillaume de mener sa mission".
Laurent Grandguillaume, député (PS) de la Côte d'Or, a été nommé médiateur la semaine dernière par le gouvernement. Il a mené des consultations jeudi avec toutes les parties concernées.
"Cent cinquante taxis ont mis les ministres à genoux. On a l'impression que l'Etat nous sacrifie comme des moutons pour faire vivre les taxis", s'est plaint Ali Souei, fondateur d'une entreprise LOTI de trois véhicules, présent vendredi à la Nation.
A la source de cette détresse, les assurances données par le gouvernement aux taxis la semaine dernière après un mouvement de colère de la profession, en particulier des "contrôles incessants" pour traquer les chauffeurs qui effectueraient des courses de type VTC sans habilitation.
Les plateformes de réservation électroniques de VTC via des applications, comme Uber, SnapCar et Chauffeur-Privé, ont en effet en partie recours à des chauffeurs qui détiennent des licences LOTI, plus faciles jusqu'ici à obtenir que les cartes de VTC.
- Des VTC se désolidarisent -
Or, le gouvernement a envoyé des lettres de mise en demeure aux plateformes pour leur rappeler que les LOTI s'appliquent aux transports collectifs et non individuels, et leur intimer l'ordre de se mettre en conformité d'ici au 28 février. Quelque 10.000 chauffeurs, selon ces plateformes, sont ainsi menacés de perdre leur emploi.
"S'il n'y a pas d'applications, qui va nous faire travailler?", a lancé M. Souei.
Les VTC se sont désolidarisés du mouvement des chauffeurs LOTI, a indiqué pour sa part à l'AFP Jean-Claude Resnier, chef d'entreprise VTC qui avait participé à la manifestation parisienne de mercredi.
"Nous n'appelons en aucun cas à la poursuite de la grève (...) sur la route vous n'avez que des LOTI, cela n'engage pas la corporation des VTC", a assuré M. Resnier, qui a rencontré M. Grandguillaume et des représentants du gouvernement jeudi. VTC et taxis, a-t-il précisé, ont été appelés à "faire des propositions" d'ici au week-end sur la réglementation.
Des syndicats de chauffeurs VTC avaient déjà refusé de participer à la mobilisation mercredi.
Jusqu'alors tendue mais sans incident majeur, la situation s'est envenimée dans la nuit de jeudi à vendredi: Porte Maillot à l'entrée ouest de Paris, des jets de projectiles ont opposé des chauffeurs de plateformes VTC à une cinquantaine de chauffeurs de taxis vers 01H30, provoquant l'intervention des forces de l'ordre.
Tôt vendredi matin, des chauffeurs ont bloqué l'accès à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle depuis l'autoroute A1, puis organisé une opération escargot avant de quitter la zone vers 10h00 en direction de Paris, selon une source aéroportuaire.
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a estimé jeudi soir que les manifestations des VTC et des taxis "montrent la difficulté des changements qui sont à l'oeuvre dans nos sociétés et qui vont avec cette transformation".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.