Dix à vingt VTC (voitures de tourisme avec chauffeur) et LOTI (chauffeurs de transport collectif à la demande) étaient rassemblés peu après 10h00 place de la Nation, dans l'est de la capitale, pour une troisième journée de protestation consécutive, mais ils ne bloquaient pas la circulation, a constaté un journaliste de l'AFP.
"On va passer a l'étape suivante, on va casser, on va brûler. Cent cinquante taxis ont mis les ministres à genoux. On a l'impression que l'Etat nous sacrifie comme des moutons pour faire vivre les taxis", s'est plaint Ali Souei, fondateur d'une entreprise LOTI qui compte trois véhicules.
A la source de cette colère, les assurances données par le gouvernement aux taxis la semaine dernière après un mouvement de colère de la profession, en particulier des "contrôles incessants" pour traquer les chauffeurs qui effectueraient des courses de type VTC sans être titulaires des documents nécessaires.
Les plateformes de réservation électroniques de VTC via des applications comme Uber, SnapCar et Chauffeur-Privé ont en effet en partie recours à des chauffeurs qui détiennent des licences LOTI, plus faciles jusqu'ici à obtenir que les cartes de VTC.
Le gouvernement a envoyé des lettres de mise en demeure à ces plateformes pour leur rappeler que les LOTI s'appliquent aux transports collectifs et non individuels, et leur intimer l'ordre se mettre en conformité d'ici au 28 février. Quelque 10.000 chauffeurs, selon ces plateformes, sont ainsi menacés de perdre leur emploi.
"S'il n'y a pas d'applications, qui va nous faire travailler ?", a lancé M. Souei.
- Jets de projectiles -
Jusqu'alors tendue mais sans incident majeur, la situation s'est envenimée dans la nuit de jeudi à vendredi en Ile-de-France: Porte Maillot à l'entrée ouest de Paris, des jets de projectiles ont opposé des chauffeurs de VTC à une cinquantaine de chauffeurs de taxis vers 01H30, provoquant l'intervention des forces de l'ordre pour les séparer et la dispersion des deux parties.
Et tôt vendredi matin, des VTC ont bloqué l'accès à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle depuis l'autoroute A1, puis organisé une opération escargot avant de quitter la zone vers 10h00 en direction de Paris, selon une source aéroportuaire.
Jeudi, une réunion des représentants des VTC avec le médiateur nommé dans ce conflit par Matignon, le député (PS) de Côte d'Or Laurent Grandguillaume, s'est achevée sans résultat.
"Il n'y a pas de solution à ce stade qui a été proposée mais ils ont écouté nos propositions", a déclaré Yves Weisselberger, patron de Snapcar, qui s'exprimait au nom de six autres plateformes.
"Avec neuf heures de réunions de travail, j'ai reçu hier par groupe: taxis, VTC, LOTI, plateformes. Je travaille sur les solutions de sortie de crise", a indiqué vendredi matin M. Grandguillaume sur son compte Twitter: "simplification, qualification, sécurité pour consommateur, c'est sur cet équilibre que je proposerai des solutions, continuons le travail".
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a remarqué jeudi soir que les manifestations des VTC et des taxis "montrent la difficulté des changements qui sont à l'oeuvre dans nos sociétés et qui vont avec cette transformation".
"Ce n'est pas le gouvernement qui aura à décider quelque chose. Ce sont celles et ceux qui consomment de la mobilité, et celles et ceux qui offrent de la nouvelle mobilité", a poursuivi le ministre.
Un credo partagé par Sofiane, chauffeur LOTI présent vendredi matin à Nation. "Macron a cinq ans d'avance. Il a connu le domaine privé, il sait que le monde avance", a affirmé cet ancien boulanger de 33 ans, reconverti. "L'opinion publique est avec nous. Il ne faut surtout pas que l'on soit violent", a-t-il prévenu.
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