"Avec le risque de nouvelles infections du virus Zika dans de nombreux pays, et le lien possible entre (...) le virus et la microcéphalie et d'autres conséquences cliniques, reporter les dons de sang de ceux revenant de régions où sévit l'épidémie de Zika est jugé comme une mesure de précaution appropriée", a déclaré jeudi à l'AFP le porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tarik Jasarevic.
Le Canada et la Grande-Bretagne avaient pris les devants.
Mercredi, les autorités sanitaires canadiennes ont annoncé que les voyageurs revenant des zones les plus à risque devraient attendre 21 jours après leur retour au Canada pour donner leur sang afin de prévenir les risques liés au virus Zika, qui frappe actuellement l'Amérique latine.
Le service public de santé britannique (NHS) a décidé mercredi que les personnes revenant des pays touchés par l'épidémie ne pourraient pas donner leur sang ou leurs organes pendant 28 jours, par "mesure de précaution".
D'après l'OMS, le virus peut se transmettre par le sang.
Dans certains pays, souligne l'OMS, les législations prévoient déjà de limiter temporairement les dons de sang des voyageurs revenant de pays avec "des agents pathogènes véhiculés par des moustiques" et qui peuvent se transmettre par transfusion sanguine, comme la dengue ou le paludisme.
Le virus constitue une menace pour les femmes enceintes et est soupçonné d'entraîner dans certains cas de graves complications chez les foetus. Zika aurait un lien avec la microcéphalie, une malformation congénitale dont souffrent les enfants nés avec un cerveau anormalement petit, et avec le syndrome neurologique de Guillain-Barré (SGB).
Compte tenu de ces risques congénitaux, l'OMS a décrété le 2 février une "urgence de santé publique de portée internationale".
Le Brésil, pays le plus touché avec plus d'un million et demi de cas depuis avril 2015, a déconseillé aux femmes enceintes de venir aux JO cet été.
Le virus se propage de manière exponentielle en Amérique latine via le moustique Aedes aegypti, vecteur également de la dengue, de la fièvre jaune et du chikungunya. Les Etats-Unis ont toutefois fait état d'un cas de transmission du virus par voie sexuelle, au Texas.
- Recours aux moustiques transgéniques ? -
Une quinzaine de pays d'Amérique latine sont concernés au premier chef, dont la Colombie, deuxième pays le plus touché.
Jeudi, le cas d'une femme enceinte touchée par le virus a été signalé pour la première fois en Europe.
Cette femme résidant en Catalogne (nord-est de l'Espagne) "a présenté des symptômes après avoir voyagé en Colombie", a indiqué le ministère espagnol de la Santé.
Sept cas importés ont pour l'instant été répertoriés en Espagne, où les liens avec l'Amérique latine sont étroits et les immigrés provenant du continent américain nombreux.
Ces cas "n'impliquent pas un risque de propagation du virus", a souligné le ministère.
Pour combattre l'épidémie, le Panama étudie la possibilité d'introduire des moustiques génétiquement modifiés, a annoncé jeudi le chef du département d'épidémiologie du ministère de la Santé, Israel Cedeño.
L'idée, a-t-il expliqué, est de répéter une expérience réalisée avec succès en 2014 dans un village, où quelque quatre millions de moustiques mâles modifiés génétiquement avaient été lâchés. L'objectif était qu'ils s'accouplent avec des femelles et que leur progéniture succombe au stade larvaire.
Ce projet avait permis une réduction de 93% de la population de moustiques, selon ses promoteurs, le gouvernement du Panama et l'Institut Gorgas, centre de recherche sur les maladies tropicales au Panama.
"Nous sommes en train d'évaluer la viabilité et la faisabilité d'une nouvelle expérience de ce type", a déclaré M. Cedeño.
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