A neuf mois du scrutin qui désignera son successeur, le président américain a pointé du doigt - sans les citer nommément - ceux de de ses adversaires républicains qui font des amalgames entre "des actes terroristes et une religion".
S'il s'était déjà déplacé dans des mosquées au Caire, à Jakarta ou encore à Kuala Lumpur, c'est la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2009 que M. Obama se rendait dans un lieu de culte musulman sur le sol américain.
"Récemment nous avons entendu une rhétorique inexcusable contre les musulmans américains, des propos qui n'ont pas leur place dans notre pays", a-t-il lancé, dans une allusion claire aux propos du milliardaire Donald Trump qui a proposé, dans la foulée de la fusillade de San Bernardino (Californie) d'interdire l'accès des musulmans aux Etats-Unis par crainte d'attentats jihadistes.
"Une attaque contre une religion est une attaque contre toutes les religions", a martelé M. Obama, rappelant au passage que les catholiques - parmi lesquels John F. Kennedy, l'un de ses prédécesseurs - et les juifs avaient aussi été la cible de virulentes attaques au cours de l'histoire américaine.
Soulignant l'importance de ne pas faire d'amalgame entre "une petite fraction de musulmans qui propagent une vision pervertie de l'Islam" et "une écrasante majorité des musulmans du monde qui voient leur religion comme une source de paix", il a appelé ces derniers à dénoncer haut et fort toutes les dérives en leur sein.
"A travers l'ensemble du monde islamique, les voix influentes devraient en permanence s'exprimer", a lancé le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis .
Ce déplacement chargé en symboles, réclamé de longue date par les organisations musulmanes américaines, intervient plus de six ans après le discours du Caire (juin 2009).
Dans cette allocution, entamée en arabe par un "Salam aleikum" ("Que la paix soit sur vous"), Barack Obama avait appelé à tourner la page d'un "cycle de méfiance et de discorde" entre les Etats-Unis et le monde musulman.
- "Musulmans ET Américains" -
La visite la plus célèbre d'un président dans une mosquée située sur le territoire américain restera probablement encore pour longtemps celle de son prédécesseur, le républicain George W. Bush.
Six jours après les attentats du 11 septembre 2001, revendiqués par Al-Qaïda, il s'était rendu dans une mosquée de Washington. "L'islam, c'est la paix", avait-il lancé dans une brève allocution restée dans l'Histoire, soulignant que "le visage de la terreur" n'avait rien à voir avec cette religion pratiquée par des centaines de millions de personnes à travers le monde.
Soulignant que le nombre de musulmans aux Etats-Unis était relativement faible (un peu plus de trois millions selon le Pew Research Center, soit 1% de la population), M. Obama a appelé les Américains à ne pas tomber dans les caricatures. Et les musulmans à revendiquer fièrement leur identité.
"Vous n'êtes pas musulmans ou Américains, vous êtes musulmans ET Américains. Vous n'avez pas à choisir entre votre foi et votre patriotisme", a-t-il lancé.
"C'est une année électorale et nous voyons déferler toute cette haine anti-musulmans. Cette visite arrive au bon moment", a estimé Riham Osman, du Muslim Public Affairs Council.
Donald Trump n'est pas le seul candidat à la Maison Blanche à avoir tenu des propos ayant suscité une vague d'indignation.
Le chirurgien à la retraite Ben Carson a lui estimé qu'il n'était pas concevable "de mettre un musulman en charge de cette nation".
Hillary Clinton, favorite du camp démocrate, a vivement dénoncé ces propos. "Un musulman peut-il être président des Etats-Unis d'Amérique? En un mot: oui. Maintenant, passons à autre chose", avait-elle réagi, ajoutant un extrait de l'article quatre de la Constitution, qui stipule qu'"aucune profession de foi religieuse" n'est exigée pour l'exercice d'un mandat.
Fils d'un père kényan et d'une mère américaine, Barack Obama, dont le grand-père s'est converti à l'Islam, a passé une partie de son enfance en Indonésie, pays musulman.
Une rumeur, relayée depuis des années sur internet par divers groupuscules, affirme qu'il est musulman, malgré les affirmations sans équivoque de ce dernier sur sa foi chrétienne.
Mercredi, il a fait, dans un sourire, une allusion à cette légende tenace: "Les opposants de Thomas Jefferson (3e président des Etats-Unis, ndlr) ont essayé de suggérer qu'il était musulman... Je suis en bonne compagnie".
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