M. Cazeneuve et le nouveau garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas ont reçu à Beauvau la maire de Calais Natacha Bouchart et Xavier Bertrand, président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, tous deux membres du parti Les Républicains, alors que les incidents se répètent entre migrants et forces de l'ordre autour du vaste campement aux portes de la ville.
Mesure la plus spectaculaire, "l'interdiction de toutes les manifestations, quels que soient leurs organisateurs, qui sont susceptibles d'occasionner des troubles à l'ordre public", a été annoncée à l'issue de la réunion par le ministre de l'Intérieur.
Cette interdiction concerne "tous ces groupes qui appellent à la tension, à la division et à la violence" et elle durera "aussi longtemps que le climat actuel demeurera", a-t-il ajouté, alors que la branche française du mouvement islamophobe Pegida comptait défiler ce week-end dans le centre-ville.
Il s'agit d'éviter que ne se reproduisent des incidents similaires à ceux d'il y a deux semaines, lorsqu'une manifestation pro-migrants avait débouché sur l'occupation d'un ferry par des migrants et des militants altermondialistes No Border, dont le ministre a dénoncé l'"irresponsabilité" et "le cynisme".
Après cette annonce, Natacha Bouchart a salué une "bonne et sage décision", qui "permettra aussi d'avoir une réponse au monde économique et commerçant et à l'ensemble des riverains".
- "Éviter un drame" -
"La population est exaspérée et nous voulons éviter un drame", a renchéri Xavier Bertrand, en plaidant pour que les magistrats retiennent "systématiquement des circonstances aggravantes pour ceux qui s'attaquent aux forces de l'ordre ou aux différentes installations".
Il s'est félicité de la volonté affichée par le nouveau ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas de se rendre prochainement à Calais. "Il est extrêmement important qu'il y ait une réponse très ferme sur ces questions", a assuré le garde des Sceaux.
Cette réunion fait suite à une précédente organisée le 23 décembre place Beauvau, mais sans la présence de la ministre de la Justice de l'époque, Christiane Taubira.
Affirmant sa volonté de lutter contre l'immigration irrégulière, M. Cazeneuve a précisé que des contrôles allaient être menés "à l'entrée et à la sortie" de la "Jungle", ce campement où les migrants s'installent dans l'espoir d'un passage en Grande-Bretagne. Des consignes ont été données pour que, lors d'une infraction, "ceux qui ont été interpellés et ne relèvent pas de l'asile en France soient immédiatement éloignés", a-t-il ajouté.
M. Cazeneuve a dans le même temps plaidé pour une politique d'incitation à l'asile pour les migrants pouvant y prétendre, en indiquant que 2.375 personnes avaient quitté le campement depuis l'automne pour des centres où elles ont pu réfléchir à la suite de leur parcours. "80% ont demandé l'asile", a-t-il assuré.
Le campement, où 6.000 migrants avaient été recensés à l'automne, compte "3.800 personnes aujourd'hui", a précisé le ministre, en assurant que l'action humanitaire des pouvoirs publics ne consistait pas "à organiser un grand camp qui aurait vocation à se développer durablement".
Depuis octobre, les pouvoirs publics déploient d'une part un volet sécuritaire, avec un renforcement des forces de l'ordre pour étanchéifier le tunnel et une politique de lutte contre les filières (28 ont été démantelées en 2015, contre 14 l'année précédente).
D'autre part, sur le plan humanitaire, les autorités ont ouvert des places d'hébergement pour les publics vulnérables et commencé à installer sur le bidonville des conteneurs pouvant accueillir 1.500 personnes - 680 places sont occupées actuellement.
Mais parallèlement, un nouveau bidonville s'est développé à une quarantaine de kilomètres de là, à Grande-Synthe (Nord), où près de 2.000 personnes vivent dans des conditions très insalubres. Même s'il n'est pas cautionné par l?État, un campement en dur, aux normes internationales, doit ouvrir d'ici trois semaines pour le remplacer.
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