M. Hijab, qui dirige le Haut comité des négociations (HCN), regroupant des politiques et des militaires de l'opposition, devait rejoindre sa délégation, réunie dans un hôtel genevois pour décider de la suite à donner à sa participation ou non aux pourparlers.
Ancien gouverneur de la province de Deir ez-Zor (est), puis ministre de l'Agriculture du régime de Bachar al-Assad pendant un an et demi, M. Hijab avait été nommé Premier ministre en juin 2012 avant de faire défection trois mois plus tard et de s'enfuir en Jordanie.
Pour les diplomates de pays occidentaux soutenant l'opposition, sa présence à Genève pourrait aider le HCN à prendre une décision sur son entrée dans la négociation. "Avec Hijab ici, le HCN aura davantage la capacité d'afficher une position unifiée de l'opposition", a commenté un diplomate occidental.
Mais, un peu plus tôt dans la journée, le négociateur en chef du HCN, le chef rebelle salafiste Mohammed Allouche, s'était dit pessimiste sur l'avenir du processus.
"Le problème est avec ce régime criminel (de Damas) qui décime les enfants, et avec la Russie qui soutient toujours les criminels", a-t-il lancé en brandissant la photo d'un jeune garçon grièvement blessé par un bombardement.
L'opposition réclame avant toute discussion des mesures humanitaires et l'arrêt des raids du régime de Damas et de leur allié russe, qui intervient en Syrie depuis la fin septembre.
Elle demande aussi la libération de détenus et la levée des sièges d'une quinzaine de villes en Syrie, où, selon l'ONU, près de 500.000 personnes vivent en état de siège.
Depuis Mascate, où il est en visite, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a opposé une fin de non recevoir aux demandes de l'opposition. "Je ne vois pas pourquoi ces frappes devraient s'arrêter", a-t-il dit mercredi matin. "Les frappes aériennes russes ne s'arrêteront pas tant que nous n'aurons pas réellement vaincu les organisations État islamique et le Front Al-Nosra", la branche syrienne d'Al-Qaïda en Syrie, a-t-il insisté, cité par l'agence Interfax. Avant de fustiger "des gens capricieux" au sein de l'opposition, "qui commencent à avoir des exigences n'ayant rien à voir avec les principes" devant régir les pourparlers de paix.
L'armée russe mène depuis le 30 septembre une intense campagne de frappes aériennes qui a permis à l'armée loyale au président Bachar al-Assad de reprendre la main sur le terrain, et à la délégation du régime syrien présente à Genève d'apparaître en position de force.
Les forces pro-régime, appuyées par l'aviation russe, progressent depuis le début de la semaine dans la province d'Alep (nord) où, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les Russes ont effectué 320 frappes depuis lundi dans ce secteur, tuant 18 civils mardi.
- 'Zéro confiance' -
Les pourparlers de Genève, laborieusement mis en place par l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, sous forte pression internationale, n'ont toujours pas décollé depuis six jours. Les discussions indirectes entre régime et opposition sont censées enclencher un processus politique pour mettre fin à une guerre sanglante qui a fait plus de 260.000 morts et des millions de réfugiés en cinq ans.
Si l'opposition réclame des mesures humanitaires, le régime de Damas se plaint lui de ne pas avoir d'interlocuteur "sérieux" pour entrer dans les discussions indirectes. "Nous attendons toujours de savoir avec qui nous allons négocier et sur quel ordre du jour", a déclaré mardi le chef de la délégation gouvernementale, l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari.
Damas et son allié russe dénoncent notamment la présence de Mohammed Allouche en tant que négociateur en chef de l'opposition. M. Allouche est membre du bureau politique du groupe armé rebelle Jaïch al-Islam (Armée de l'Islam), un mouvement d'inspiration salafiste soutenu par l'Arabie saoudite, que Damas qualifie de "terroriste".
"L'échec est toujours possible", a reconnu mardi soir M. de Mistura sur la Radio Télévision Suisse. "Mais s'il y a un échec cette fois-ci, il n'y aura plus d'espoir", a-t-il mis en garde. En février 2014, déjà en Suisse, une première tentative de discussions entre les deux belligérants s'était soldée par un fiasco.
Deux ans plus tard, "le niveau de confiance entre les deux parties est proche de zéro", a reconnu M. de Mistura sur la BBC.
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