La Thaïlande a confirmé mardi son premier cas de Zika, soupçonné de provoquer des malformations cérébrales chez le foetus. Dimanche, un institut de recherche indonésien avait déjà annoncé un cas positif.
En Inde, les autorités sanitaires craignent d'être les prochaines sur la liste, relevant que le moustique Aedes Aegypti vecteur de ce virus comme de la dengue prospère dans ses villes surpeuplées, où le réseau sanitaire laisse souvent à désirer.
"En Inde en particulier, le risque est grand de voir le virus Zika se propager rapidement, compte tenu de la présence des Aedes et d'un environnement favorable", explique Om Shrivastav, spécialiste des maladies infectieuses.
"Cela va sans aucun doute représenter un gros défi pour l'Asie d'être en mesure de contrôler la propagation (...) compte tenu des niveaux démographiques", ajoute ce spécialiste basé à Bombay, où se trouve le plus grand bidonville d'Asie, Dharavi.
Plus de la moitié des 20 millions d'habitants de Bombay vivent entassés dans des bidonvilles.
Pendant la mousson d'été, des pluies abondantes déferlent sur Bombay pendant quatre mois, provoquant un énorme pic de maladies tropicales. Le labyrinthe des allées des bidonvilles, noyées sous l'eau, se transforment en paradis pour la reproduction des moustiques.
Il ne faut pas s'affoler, mais la récente augmentation mondiale des cas de dengue invite à la vigilance, souligne Soumya Swaminathan, directeur général du Conseil indien de la recherche médicale.
"Il y a un potentiel pour la propagation du virus Zika", a-t-elle dit à la télévision indienne NDTV. "Nous devons être prêts (...) même s'il n'y a pas lieu de paniquer".
Le virus Zika, qui tire son nom d'une forêt en Ouganda où il a été repéré pour la première fois en 1947, se manifeste par des symptômes de type grippal mais est souvent asymptomatique.
Les scientifiques estiment qu'il y a un lien "hautement probable" entre ce virus et les microcéphalies (cerveau anormalement petits) constatées en Amérique latine et dans les Caraïbes chez des bébés.
- Prévention -
Le Brésil est le pays le plus touché avec près de 1,5 million de cas, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Celle-ci a décrété l'état "d'urgence de santé publique de portée internationale" et créé une "unité de réponse globale" pour lutter contre le virus.
Anthony Costello, pédiatre et expert de l'organisation, a souligné qu'il n'y avait aucune raison de penser que la crise allait rester cantonnée à l'Amérique du Sud, où 25 pays ont jusqu'à présent été touchés par le virus.
"Nous savons que les moustiques porteurs du virus Zika (...) sont présents dans la majeure partie de l'Afrique, dans des pays d'Europe du Sud et dans beaucoup de régions d'Asie, en particulier en Asie", a-t-il dit.
Eloi Yao, porte-parole de l'OMS à Manille, estime lui aussi "vraisemblable" le risque de propagation en Asie. Mais "nous ne voulons pas aggraver les niveaux d'angoisse", a-t-il dit à l'AFP, estimant que le risque immédiat est "faible".
Les gouvernements asiatiques ne sont pas étrangers aux épidémies virales.
En 2003, l'épidémie de SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) avait fait des centaines de morts, principalement en Chine et dans l'ancienne colonie britannique de Hong Kong.
Le virologue Makik Peiris, qui est basé à Hong Kong, pense qu'il y "a un danger" de confusion entre Zika, la dengue et d'autres maladies propagées par le moustique.
"Le virus pourrait arriver et passer inaperçu jusqu'à ce s'il se soit étendu à un rythme alarmant", dit-il à l'AFP.
En 2015, la Corée du Sud avait connu une épidémie meurtrière du coronavirus Mers, qui avait fait 36 morts en quelques semaines.
Le Zika s'est déjà manifesté dans la région, au Cambodge en 2010 et aux Philippines en 2012, d'après l'OMS.
Les autorités thaïlandaises ont dit elles qu'elles avaient recensé un premier cas en 2012, et se sont voulues rassurantes. "Depuis lors, nous n'avons pas en moyenne plus de cinq cas par an", a déclaré Amnuay Gajeena, du ministère thaïlandais de la Santé.
Mais M. Shrivastar a mis en garde contre la tentation de prendre les choses à la légère: "Nous devons être très prudents et devons prendre des mesures de prévention".
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