Les ennemis syriens, qui n'ont plus échangé depuis une première tentative avortée de médiation en 2014, ne sont pas encore prêts à discuter directement, loin de là. Mais ils ont accepté d'être formellement reçus par l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, dans le cadre solennel du Palais des Nations Unies à Genève.
La délégation du régime, qui a déjà rencontré l'émissaire de l'ONU vendredi, sera reçue à 10H00 GMT. Quant au Haut comité des négociations (HCN), une large coalition d'opposants politiques et de membres de groupes armés, elle s'y rendra pour sa part pour la première fois dans l'après-midi (16H00 GMT).
Staffan de Mistura veut mettre en place un dialogue indirect entre les deux camps, avec des émissaires chargés de faire la navette. Ce processus pourrait s'étendre sur six mois, délai fixé par l'ONU pour aboutir à une autorité de transition qui organiserait des élections à la mi-2017.
Mais les discussions, commencées vendredi entre l'ONU et la délégation du régime de Damas, n'ont pas encore décollé, et le processus est toujours menacé d'échouer avant même d'avoir commencé, l'opposition réclamant des gestes humanitaires qui pour le moment ne viennent pas. Au contraire. Combats, bombardements, attentats, civils affamés, constituent le quotidien de la Syrie.
"Soyons réalistes. On vient de très loin, on a des gens qui ne se sont pas parlé depuis deux ans (lors des premiers pourparlers intersyriens en 2014), et en deux ans les horreurs ont continué, la situation a empiré", résume un diplomate occidental.
La communauté internationale cherche une issue négociée à la guerre en Syrie qui, depuis mars 2011, a fait plus de 260.000 morts et poussé des millions de personnes à quitter leur foyer.
Le chaos syrien a également permis l'essor du groupe Etat islamique qui a conquis de larges pans du territoire, où se forment des jihadistes étrangers comme les auteurs des attentats de novembre à Paris.
Dimanche, un attentat anti-chiite revendiqué par l'EI a encore tué au moins 70 personnes, près de Damas.
- Armée de l'Islam -
La délégation du HCN sera menée par le général Mohammed Allouche, membre du bureau politique du groupe armé rebelle Jaïch al-Islam (l'Armée de l'Islam), un mouvement d'inspiration salafiste que le régime de Damas qualifie de "terroriste". "C'est Bachar al-Assad le terroriste", a-t-il rétorqué dimanche, joint par téléphone par l'AFP.
Sa nomination n'est qu'un des nombreux facteurs de contentieux entre les deux camps.
Le HCN a longtemps hésité avant de se rendre à Genève et avait, dès son arrivée samedi, menacé de repartir si le régime persistait à commettre des "crimes". Avant d'entrer dans une négociation avec le régime, il réclame la fin des bombardements sur les civils, la libération des villes assiégées et de certains prisonniers.
"Je ne comprends pas pourquoi le régime continue à affamer des femmes et desenfants", a encore lancé dimanche soir un de ses porte-parole Riad Nassan Agha, en référence à la ville assiégée de Madaya, où 43 personnes sont mortes de faim depuis le 1er décembre selon MSF.
De son côté, le régime du président Assad met dans le même sac les jihadistes du groupe Etat islamique et les rebelles modérés, tous qualifiés de "terroristes". Et son émissaire, Jaafadi, a accusé la délégation du HCN de n'être "ni sérieuse, ni crédible".
Malgré le fossé entre les parties, M. de Mistura s'est dit "optimiste et déterminé" à poursuivre ses efforts. "C'est une occasion historique qui ne doit pas nous échapper", a-t-il dit.
Dans un rare message vidéo, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a aussi lancé un appel solennel aux ennemis syriens pour qu'ils "saisissent" cette occasion de mettre un terme à près de cinq ans d'une guerre meurtrière et destructrice.
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