- Premier procès: le 28 octobre 2014, la cour d'assises du Loiret condamne Jacqueline Sauvage, alors âgée de 65 ans, à dix ans de réclusion.
Elle était poursuivie pour avoir tiré trois coups de fusil dans le dos de son mari, le 10 septembre 2012. L'avocate générale avait requis entre 12 et 14 ans d'emprisonnement, mais sans retenir la préméditation.
Lors de l'audience, ses filles ont témoigné violemment à charge contre leur père, entrepreneur d'une société de transport, mort à 65 ans.
"Notre père est décédé et pour moi, c'est un soulagement", a déclaré l'une d'elles, violée à l'âge de 16 ans et victime de graves violences alors qu'elle était devenue une adulte.
"Il était sans pitié, c'était plus fort que lui", a ajouté sa s?ur aînée. "Il m'a détruite intérieurement, je n'arrive pas à tourner la page", a ajouté la troisième.
Toutes trois ont été violées, battues comme l'était leur mère. Leur frère, également victime des violences de son père, s'était suicidé la veille du jour où leur mère a finalement tué son mari.
La présidente de la cour d'assises Catherine Paffenhoff avait longuement questionné l'épouse sur sa passivité face à ce mari tyran, gros consommateur d'alcool, brutal et violeur.
"On avait peur de lui, il nous terrifiait", a répondu l'une de ses filles.
- Deuxième procès et confirmation de la peine: le 3 décembre 2015 la cour d'assises du Loir-et-Cher confirme en appel la condamnation à dix ans de prison.
"Des fois il était violent, il se mettait en colère, il était très énervé. Parfois, il avait des moments de tendresse vis-à-vis de moi, alors je lui pardonnais",explique à la barre Jacqueline Sauvage, 66 ans.
Elle évoque longuement ses relations avec son mari, qu'elle a connu quand elle avait 14/15 ans alors qu'il sortait de maison de correction, et dont elle était "éperdument amoureuse". "Je l'avais dans la peau", répète-t-elle à plusieurs reprises.
Au dernier jour d'audience, l'avocat général Frédéric Chevallier demande à la cour d'assises d'appel de confirmer la condamnation à dix ans de réclusion.
La peine qui sera infligée à Jacqueline Sauvage, "ne doit pas être un permis de tuer", lance le magistrat aux jurés. "La légitime défense n'est absolument pas soutenable. (...) Trois coups de feu tirés dans le dos, ce n'est pas admissible".
Nathalie Tomasini, avocate de Mme Sauvage, demande aux jurés de "prendre la mesure des conséquences irréversibles des violences faites aux femmes", de "repousser les limites de la légitime défense appliquée aux situations de violences conjugales" en prononçant la relaxe de l'accusée.
"Fracassée pendant 47 ans, psychologiquement et physiquement, elle présentait les syndromes post-traumatiques des femmes battues", a expliqué Me Tomasini. "Elle savait mieux que quiconque qu'il pouvait, ce soir-là, passer à l'acte et mettre à exécution les menaces de mort qu'il avait proférées toute sa vie".
"Jacqueline Sauvage se trouvait dans une situation de dépendance qui s'est installée au fil des années", son mari "la dominait complètement. Elle était devenue sa chose. Elle était sous son emprise", plaide son autre avocate, Janine Bonaggiunta.
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