En vertu du droit de grâce que lui accorde la Constitution, le président "a décidé d'accorder à Mme Jacqueline Sauvage une remise gracieuse de sa peine d'emprisonnement de 2 ans et 4 mois ainsi que de l?ensemble de la période de sûreté qu?il lui reste à accomplir", a annoncé dimanche soir l'Elysée.
"Cette grâce lui permet de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle", a précisé la présidence dans un communiqué.
"Concrètement, le président a fait sauter le verrou de la peine de sûreté et il permet à Jacqueline Sauvage de pouvoir être accessible à une libération conditionnelle dès la mi-avril 2016", se sont aussitôt réjouies ses avocates, Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, reçues une nouvelles fois dimanche à 18H00 par le chef de l'Etat qui les a informées de sa décision.
Ses filles "sont heureuses car le président les a entendues et ne les a pas déçues", ont-elles ajouté.
Selon l'Elysée, "face à une situation humaine exceptionnelle", le chef de l'Etat a voulu "rendre possible, dans les meilleurs délais, le retour de Mme Sauvage auprès de sa famille" mais "dans le respect de l?autorité judiciaire.
Cette grâce n'est donc que partielle et n'efface pas totalement les condamnations de Jacqueline Sauvage en première instance et en appel.
François Hollande s'était donné vendredi "le temps de la réflexion" après avoir reçu, outre les avocates de Jacqueline Sauvage, ses trois filles, Sylvie, Carole et Fabienne Marot. Il a finalement pris sa décision très vite, après avoir recueilli l'avis du nouveau garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, et évoqué le cas de cette dame de 68 ans avec le Premier ministre Manuel Valls.
- "Libérez Jacqueline !" -
Le 3 décembre, la cour d'assises du Loir-et-Cher avait confirmé en appel la condamnation à 10 ans de réclusion de Jacqueline Sauvage, reconnue coupable d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal.
Son cas a cependant suscité une mobilisation croissante. Ses filles ont adressé au président de la République une demande de grâce, appuyée par de nombreux parlementaires, dont Valérie Boyer (Les Républicains), et personnalités et relayée par une pétition "Libérez Jacqueline !" ayant recueilli 400.000 signataires dans toute la France.
Un comité de soutien s'est constitué, réunissant notamment la maire PS de Paris Anne Hidalgo, l'écologiste Daniel Cohn-Bendit et le porte-voix du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon.
Ses signataires soulignaient que la sexagénaire avait été "victime ainsi que ses enfants de viols répétés et d'extrêmes violences conjugales depuis 47 ans".
L'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, qui a démissionné la semaine dernière du gouvernement, s'est dite "heureuse" dimanche soir sur Twitter que "malgré tous les avis réservés, le président de la République ait fait droit à (ses) arguments".
La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, s'est félicitée sur France 5 de cette "bonne décision". "Cette femme a déjà fait trois ans de prison. C?est un calvaire, elle a déjà vécu toute sa vie un calvaire", a ajouté la ministre de l'Ecologie en évoquant "une vingtaine de femmes en prison pour les mêmes raisons".
"C'est un signal fort (...) une reconnaissance au plus de l'Etat de ce qu'elle a vécu", a renchéri Myriam El Khomri (Emploi).
"Juste et humaine décision du président de la République. La conscience des violences faites aux femmes progresse. La mobilisation en témoigne", a tweeté Laurence Rossignol (Famille).
"Enfin ! Sous la pression de l'opinion publique mobilisée, Hollande a cédé. Heureuse pour Jacqueline Sauvage et la cause des femmes", a également tweeté l'ex-ministre Nathalie Kosciusko-Morizet (Les Républicains), qui avait rendu visite à la condamnée mardi dans sa prison de Saran (Loiret).
"Décision humaine et sensible", a salué la présidente du Conseil régional d'Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR). "1ère fois que je partage vraiment 1 décision du Pdt", a tweeté Jean-Christophe Lagarde (UDI)
L'article 17 de la Constitution autorise le président de la République à exercer le droit de grâce (uniquement à titre individuel depuis 2008).
Mais l'entourage de M. Hollande avait rappelé récemment qu'il n'était par principe pas favorable à la grâce présidentielle. Il ne l'avait d'ailleurs exercée qu'une seule fois jusqu'à présent, permettant la libération conditionnelle, en janvier 2014, du plus ancien détenu de France, Philippe El Shennawy, sans éteindre sa peine.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.