Selon l'armée nigériane et des témoins locaux, les insurgés de Boko Haram ont attaqué samedi Dalori, une localité proche de Maiduguri, avant de détruire le village.
A l'arrivée des assaillants, "beaucoup de personnes se sont réfugiées dans la brousse, moi inclus," a raconté Malam Masa Dalori, un chef local. "Quand nous sommes revenus le matin suivant le village entier avait été rasé. Au moins 50 personnes ont été tuées et il y a beaucoup de blessés".
Dalori se trouve à proximité de camps de déplacés par les sept ans d'insurrection de Boko Haram, qui a rallié l'organisation de l'Etat islamique (EI). L'attaque s'est produite alors que des milliers de personnes déplacées revenaient vers les camps.
"Il y a eu des morts et quelques blessés", a indiqué de son côté dans un communiqué le porte-parole de l'armée nigériane Mustapha Anka.
Selon lui, les islamistes de Boko Haram "sont arrivés dans le village dans deux voitures et des motos, ont ouvert le feu et brûlé des maisons". Trois femmes kamikazes ont tenté de se mêler aux villageois, ont été "interceptées puis ont explosé", a-t-il affirmé.
Maiduguri, qui compte environ 2,6 millions d'habitants, dont 1,6 million de réfugiés selon l'ONU, a été frappée par de nombreux attentats ces derniers mois.
Boko Haram est apparu dans cette ville en 2002, avant de déclencher en 2009 une insurrection qui a fait plus de 17.000 morts au Nigeria et 2,6 millions de déplacés. Les insurgés islamistes ont essayé de reprendre Maiduguri à plusieurs reprises après en avoir été chassés il y a trois ans.
- Kamikaze à moto -
Au Tchad voisin, deux attentats suicides ont fait dimanche trois morts et 56 blessés dans deux localités de la région du lac Tchad, cible régulière d'attaques des islamistes nigérians de Boko Haram.
La première attaque a visé la localité de Guié, où un kamikaze circulant à moto s'est fait exploser, tuant une personne et en blessant 32 autres, a indiqué à l'AFP un officier des services de sécurité sous couvert d'anonymat.
Un deuxième attentat suicide a fait deux morts et 24 blessés dans le village de Miterine, a-t-on appris de même source.
La région du lac Tchad est placée sous le régime de l'état d'urgence pour tenter de lutter contre les attaques de Boko Haram.
Le groupe islamiste multiplie les attentats suicides au Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger et n'hésite pas à utiliser comme kamikazes des femmes et des enfants.
Même si sa superficie se réduit d'année en année en raison du réchauffement climatique, le lac Tchad abrite une multitude d'îles et îlots peuplés de pêcheurs, et ses abords sont rendus difficiles par une végétation dense, facilitant les infiltrations des islamistes de Boko Haram en territoire tchadien.
Pour contrer les kamikazes, le Tchad a interdit le port du voile intégral sur l'ensemble de son territoire, ce vêtement servant régulièrement à dissimuler des ceintures d'explosifs.
Pour combattre Boko Haram, les quatre pays riverains du lac Tchad ainsi que le Bénin ont mis sur pied une Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF) dotée de 8.700 militaires, policiers et civils.
La coalition "a sans conteste affaibli la nébuleuse" islamiste mais "pour autant, elle ne s'avoue pas vaincue", avait reconnu fin 2015 le président tchadien Idriss Déby Itno.
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