Damas souhaite "mettre un terme au bain de sang" en Syrie, mais juge que l'opposition n'est ni "sérieuse", ni "crédible", a déclaré lors d'une conférence de presse l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari, qui mène la délégation du régime à Genève et s'exprimait pour la première fois depuis son arrivée vendredi.
"Les Syriens font face au terrorisme", a-t-il insisté, alors que 45 personnes ont été tuées dimanche matin dans une triple explosion près du sanctuaire chiite de Sayeda Zeinab, au sud de Damas. L'attentat a été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique, mais le régime syrien considère comme "terroristes" tous ceux qui le combattent.
"Nous ne discutons pas avec des terroristes", lancé M. Al-Jaafari lors d'une conférence de presse, en se plaignant de ne pas connaître les "noms" des délégués de l'opposition du Haut comité des négociations (HCN).
Le HCN, dont la délégation est arrivé samedi soir à Genève après plusieurs jours d'hésitation, regroupe des opposants politiques et des représentants de groupes armés.
"Le régime n'est pas ici pour trouver des solutions mais pour gagner du temps afin de tuer encore plus de Syriens", a de son côté accusé un porte-parole du HCN, Salem al-Meslet dans une conférence de presse.
Il a rappelé les revendications du HCN avant d'entrer dans le processus de négociation: levée des sièges, arrêt des attaques contre les civils et libération de détenus.
"Nous n'acceptons aucune pré-conditions", a rétorqué l'ambassadeur Jaafari lors de sa conférence de presse.
- 'optimisme' de l'ONU -
Malgré l'hostilité affichée par les deux camps, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'est dit "optimiste et déterminé" à poursuivre ses efforts.
"C'est une occasion historique qui ne doit pas nous échapper", a poursuivi le diplomate après avoir fait une "visite de courtoisie" à l'opposition. La rencontre s'est déroulée dans l'hôtel de la délégation, et non dans le cadre formel du Palais des Nations Unies.
M. de Mistura espère amener le régime et l'opposition à entrer dans un processus de discussions indirectes, avec des émissaires faisant la navette entre les deux.
Il a prévu un processus s'étendant sur six mois, délai fixé par l'ONU pour aboutir à une autorité de transition qui organiserait des élections à la mi-2017.
Mais le pari de l'ONU apparaît très difficile à tenir, tant la méfiance et le ressentiment sont au paroxysme entre les deux parties.
Depuis mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 260.000 morts et jeté des millions de personnes sur les routes. Et chaque jour, le bilan s'alourdit.
Samedi, MSF a annoncé que 46 personnes étaient mortes de faim depuis le 1er décembre à Madaya, près de Damas, où 40.000 personnes sont assiégées par le régime.
Les civils souffrent aussi des bombardements de l'armée loyaliste mais aussi de son allié russe qui, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), a tué près de 1.400 civils depuis le lancement de ses frappes aériennes en septembre.
Les Occidentaux, touchés directement par la crise des migrants et la menace terroriste, ont infléchi leurs appels à un départ rapide d'Assad, le combat contre l'EI étant désormais leur priorité.
Des diplomates des puissances occidentales impliquées dans le conflit syrien devaient rencontrer dimanche la délégation des opposants, selon un de ses membres.
"Nous sommes ici pour des négociations mais nous ne pouvons pas commencer tant que nous n'avons pas vu de gestes" sur l'amélioration de la situation humanitaire, a déclaré une membre de l'opposition, Bassma Kodmani. "Nous comptons sur nos amis", a-t-elle ajouté.
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