"Sois comme Bill" et sa version anglophone "Be like Bill" ont fleuri ces dernières semaines sur les pages Facebook du monde entier. Il s'agit, selon ses concepteurs, de permettre aux internautes de "dénoncer nos vices et nos mauvaises habitudes" en mettant en scène Bill, un bonhomme dessiné à coups de traits simples "qu'on devrait prendre comme exemple".
"Quand on pose une question à Bill, Bill répond. Bill ne répond pas à la question par une autre question. Bill est brillant. Sois comme Bill", intime un de ces croquis, sur lequel un Bill débonnaire sourit à l'internaute comme pour l'inciter à suivre son exemple.
Mais en Afghanistan, où la culture du bakchich et du patriarcat sont deux des maux les plus saillants, "Sois comme Bill" est devenu un instrument de lutte pour plus de civilité. Il a été rebaptisé Qodos, l'équivalent afghan de M. Durand, et ne s'adonne ni à la corruption, ni au harcèlement de ses compatriotes.
"Qodos voit une femme au volant. Qodos s'occupe de ses affaires et ne fixe pas la femme", explique l'un de ces encarts posté sur la page Facebook qui lui est consacrée en dari, l'une des deux langues d'Afghanistan.
- 66.000 "j'aime" sur Facebook -
Un autre croquis met en scène le même Qodos aux prises avec la corruption. "Qodos ne reçoit, ni ne verse de pots-de-vin. Il respecte la loi. Qodos est malin. Sois comme Qodos", martèle le message en forme d'invitation à combattre l'un des pires maux qui ronge l'Afghanistan, pays abonné aux tréfonds du classement de l'ONG anticorruption Transparency International (166e sur 168 selon l'édition 2015 rendue publique jeudi).
Mais Qodos aborde aussi des thèmes plus ponctuels, comme l'exode d'Afghans vers l'Europe, un périlleux voyage de plusieurs milliers de kilomètres qui a déjà coûté la vie à des milliers de personnes.
"Qodos n'envisage pas de partir pour l'Europe. Qodos est heureux de vivre dans son pays. Qodos est malin. Sois comme Qodos", assène la page Facebook du bonhomme.
Malgré leur apparente naïveté, les messages de Qodos suscitent les louanges d'internautes afghans harassés tant par la corruption que l'incurie de dirigeants incapables, selon eux, de leur offrir des perspectives économiques.
"Si dix Qodos étaient au pouvoir, l'Afghanistan serait un pays prospère", note un internaute acerbe.
Le créateur de Qodos, qui se présente comme un "jeune étudiant afghan", se déclare surpris de la popularité de sa page Facebook qui a récolté 66.000 "j'aime", une prouesse dans un pays où seul un habitant sur dix dispose d'un accès à internet.
"J'ai vu cette société souffrir le martyre à cause de la corruption et d'autres maux", explique-t-il à l'AFP. "Cette société a besoin de modèles comme Qodos".
Le jeune homme tient à garder l'anonymat par peur d'attirer l'attention d'autorités peu réceptives à la satire. Pour preuve, l'an dernier, les services de renseignement afghans ont appréhendé les créateurs de "Kabul Taxi", une page Facebook qui tournait en dérision élus, chefs de guerre et ronds-de-cuir.
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