Une délégation du Haut comité des négociations (HCN) est arrivée en fin d'après-midi en provenance de Ryad, selon un de ses porte-parole, Monzer Makhous.
Cette coalition d'opposants politiques et de représentants de groupes armés avait accepté, après quatre jours d'hésitations et de pressions internationales, de participer aux pourparlers, au centre desquels elle compte mettre la question humanitaire.
"Le HCN salue l'opportunité d'un processus politique pour mettre un terme à la crise en Syrie et arrêter le bain de sang", a-t-il écrit dans un communiqué.
Sièges, combats, bombardements: depuis mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 260.000 morts et jeté des millions de personnes sur les routes. Et chaque jour, le bilan s'alourdit.
Samedi, l'organisation MSF a annoncé que 46 personnes étaient mortes de faim depuis le 1er décembre à Madaya, près de Damas, où 40.000 personnes sont assiégées par le régime. Seize d'entre elles ont succombé au cours des 15 derniers jours malgré l'envoi d'une aide humanitaire, restée limitée.
Madaya est devenue le symbole de la souffrance des civils en Syrie, mais 14 villes sont assiégées par le régime, les rebelles ou les jihadistes de l'Etat islamique (EI), selon l'ONU.
La Croix-Rouge a de nouveau demandé samedi un accès aux 4,5 millions de civils syriens difficiles à atteindre.
Le lancement de pourparlers est "un signal positif", a jugé la responsable du CICR à Damas, Marianne Gasser. Mais il faut, selon elle, que "ceux qui ont le présent et l'avenir de la Syrie entre leurs mains s'arrêtent un moment pour réfléchir aux souffrances énormes qui règnent dans tout le pays".
Ces souffrances poussent un grand nombre à l'exode, malgré les risques pour leur vie. Au moins 37 migrants, dont des Syriens, ont encore péri samedi dans un naufrage en mer Egée.
- 'des déceptions' -
L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a tenu vendredi soir une réunion "préparatoire" avec des représentants du régime du président Bachar el-Assad. Il devrait faire rapidement de même avec le HCN, mais aucun rendez-vous n'a encore été fixé.
Les négociations sont prévues pour durer six mois et doivent se dérouler de manière indirecte, c'est-à-dire que les différentes délégations seront dans des pièces distinctes et que des émissaires feront la navette.
La résolution 2254 de l'ONU, adoptée en décembre, qui fixe un cadre aux négociations, demande l'accès aux populations assiégées et l'arrêt des attaques contre les civils.
Elle pose ensuite comme objectif la conclusion de cessez-le feu, la mise en place d'une autorité de transition et des élections d'ici mi-2017.
"Nous sommes au devant de négociations difficiles, il y aura des déceptions", a estimé samedi le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, tout en saluant la décision de l'opposition de jouer le jeu.
Le processus de Genève a été relancé sur initiative de pays occidentaux, de la Russie, de l'Iran et de la Turquie, intéressés pour des raisons différentes par la crise en Syrie.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry ont convenu samedi "d'évaluer les progrès" le 11 février des discussions inter-syriennes lors d'une rencontre à Munich, en Allemagne.
S'ils sont d'accord pour essayer de trouver une issue politique en Syrie, les parrains du processus s'opposent sur de nombreux points, notamment sur le sort à réserver à Assad dans la transition.
Le président syrien est considéré par les Occidentaux comme le bourreau de son propre peuple, mais ses alliés russe et iranien refusent sa mise à l'écart.
Les frappes aériennes menées en Syrie par d'une part la coalition anti jihadiste de l'EI, dirigée par les Etats-Unis, et d'autre part par les Russes créent également de forte frictions.
Samedi, la Turquie a accusé la Russie de violer son espace aérien. Il y a deux mois Ankara avait abattu un avion russe, accusé d'une telle violation, et depuis la tension reste très forte entre les deux pays.
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